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Aucun recruteur ne voulait donner sa chance à Sophie, ex-ingénieure au chômage, la jugeant trop âgée... dès ses 45 ans.

Getty Images/Moment RF

L'âge, un frein à l'embauche? Pour Sophie, aucun doute possible. Licenciée à 45 ans après une brillante carrière dans l'informatique et le web, cette ancienne product marketing manager (chef de produit) a dû se rendre à l'évidence: "j'étais atteinte de seniortitude aigüe". Son parcours de combattant a duré 10 ans. "J'ai vécu cette situation de chercheuse d'emploi senior comme une humiliation".

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Atteinte de "seniortitude aigüe"

A chaque entretien, Sophie doit systématiquement démonter les a priori des recruteurs en mettant en avant son dynamisme, son savoir-faire et même son statut de femme sans enfants à venir ou à élever. Aucun argument ne convainc les employeurs. "On m'a dit qu'à mon âge je fatiguerais plus vite et donc que je serais sujette à l'absentéisme, que mes compétences informatiques n'étaient plus à jour, que j'étais dépassée. Une DRH a même voulu me faire passer des tests pour vérifier si je savais me servir d'un clavier et d'une souris. Là, c'est moi qui ai mis fin à l'entretien".

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A défaut de trouver un poste fixe et parce qu'"il faut bien payer les charges et manger", Sophie accumule les petits boulots, les missions courtes, fait de l'intérim, recourt au portage salarial, accepte des jobs alimentaires payés au Smic. Elle travaille pour des TPE, des PME, des multinationales et même dans une collectivité territoriale. Elle reprend les études et décroche un diplôme de master 2 pro d'auteur rédacteur multimédia à l'Ecole des Mines d'Alès. Sans résultat, à part celui de voir dégringoler ses allocations chômage. "J'étais trop vieille, personne ne voulait de moi, les recruteurs préféraient toujours des juniors".

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Un CDI à 55 ans

L'ex-cadre continue pourtant à se battre, encouragée par sa conseillère Pôle emploi. "Elle a toujours cru en moi, en mes méthodes et mes choix". Sa persévérance finit par payer. A 55 ans, elle décroche enfin un CDI comme rédactrice technique dans une PME spécialisée dans la fabrication de lits hospitaliers. Le secteur et le poste ne correspondent pas vraiment à son profil mais pour Sophie, c'est le bout du tunnel et elle s'y voit finir sa carrière. Trois ans plus tard, une société concurrente la débauche. Le salaire et l'ambiance y sont meilleurs. Flattée, Sophie accepte mais l'entreprise met brutalement fin à sa période d'essai. Changement de hiérarchie, d'organisation, de besoins, son profil ne colle plus. Retour à Pôle emploi.

Tenir en attendant la retraite

Aujourd'hui, à bientôt 60 ans, l'ancienne ingénieure vit "sur le fil du rasoir". Des problèmes de santé à répétition ont eu raison de ses économies. Elle a entamé une demande de mise à la retraite anticipée à 62 ans au lieu de 67. Elle touchera alors 600 euros par mois, le même montant qu'elle obtiendra à la fin de ses droits au chômage.

En attendant, il s'agit de tenir car "à moins d'un miracle", Sophie ne voit pas qui l'embaucherait. "Mon conseiller Pôle emploi m'a dit qu'il ne m'embêtera pas. Il sait à quel point je me suis démenée. Mais cela ne veut pas forcément dire que je vais baisser les bras".

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