Des agriculteurs du Sud-Ouest en colère après la pose de panneaux solaires non étanches sur la toiture de leurs hangars
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En 2009, des agriculteurs ont accepté qu'on construise des hangars sur leurs terres. Eux pouvaient stocker des céréales, les investisseurs revendant l'énergie produite par les panneaux solaires installés sur les toits. Mais les bâtiments ne sont pas étanches. L'affaire ira au tribunal à Paris.
C'était un concept "clé en main" où tout le monde semblait gagnant mais qui coûte finalement très cher à beaucoup d'agriculteurs.
Des hangars gratuits...
L'histoire commence en 2009. Des investisseurs approchent des exploitants agricoles en leur proposant une idée attrayante : "On construit des hangars qui vous permettent de stocker des céréales, on installe, sur le toit, des panneaux photovoltaïques et nous, nous exploitons l'électricité que ces panneaux produisent."
Un agriculteur landais raconte :
Je leur ai fait confiance, d'autant que moi c'est Hyséo, une filiale d**'EDF** Energies Nouvelles qui m'a contacté.
...mais pas étanches
Les bâtiments sont construits très vite, les panneaux solaires posés avec des joints à peine plus gros qu'un stylo.
Le hangar de Philippe Duvignau, agriculteur à Salies de Béarn.
Rapidement, les agriculteurs réalisent que ces hangars ne sont pas étanches, contrairement à ce qui était stipulé sur les contrats : il y a des fuites et les céréales pourrissent en partie. Un agriculteur nous raconte que son maïs, censé rester à une température de 14 degrés "est souvent à 37 degrés".
Certains perdent des contrats de stockage, d'autres continuent de stocker mais en sachant pertinemment les risques et les contraintes, comme cet agriculteur béarnais :
Je bouge souvent le maïs pour le refroidir. Bien sûr, aucun agriculteur ne va livrer du maïs pourri ! Donc on assume les pertes, par exemple cette année je vais faire un chèque de 10 000 euros à la coopérative. Malgré tout, le stockage ça représente 100 000 euros de chiffre d'affaire pour moi, alors je préfère continuer.
Les céréales de Philippe Duvignau sont stockées sous les panneaux solaires
Certains exploitants ont perdu plusieurs centaines de milliers d'euros par an. Beaucoup sont désabusés, écœurés. L'un d'eux a même décidé de couper l'électricité pour que les investisseurs ne profitent pas des panneaux solaires.
Partout en France
Une vingtaine d'agriculteurs landais et béarnais qui ont, pour la plupart, leur exploitation à la frontière entre les Landes et les Pyrénées Atlantiques ont donc décidé de contacter Maître Katy Mira, avocate à Mont-de-Marsan. Tous les dossiers sont les mêmes, raconte-t-elle :
Il y a environ 180 hangars construits sur la base de ces contrats dans le Sud-Ouest. Dans les 20 dossiers que je traite - et j'en ai quasiment un par jour qui s'ajoute -, tous les bâtiments ont le même problème d'étanchéité, on a les mêmes problématiques pour les mêmes bâtiments partout. Et on se rend compte que cela concerne aussi d'autres régions de France.
Devant le tribunal
L'affaire n'est pas simple : certains investisseurs ont revendu les contrats, certains ont fait confiance à des constructeurs qui les ont bernés.
Mais l'avocate montoise Katy Mira espère bien un procès "fleuve" . Elle rassemble les dossiers et va assigner constructeurs et investisseurs devant le Tribunal de Grande Instance de Paris avant l'été.
Elle espère aussi obtenir des indemnisations sous forme de provisions pour les agriculteurs d'ici un an maximum.
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