Afrique du Sud : le diamantaire De Beers repousse les limites de la profondeur

Les diamants se font de plus en plus rares. Pour parvenir à en extraire, le diamantaire sud-africain De Beers va désormais jusqu’à creuser des tunnels sous une mine à ciel ouvert, en pleine brousse, un projet colossal de deux milliards de dollars dont il espère voir émerger les premiers carats en 2022.

Mine de Venetia © De Beers.

Mine de Venetia © De Beers.

Publié le 8 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Depuis une vingtaine d’années, De Beers exploite la mine de Venetia, située non loin de la frontière avec le Zimbabwe et le Botswana. En l’espace d’une vingtaine d’années, les mineurs ont creusé un trou impressionnant de 450 mètres de profondeur et de plus d’un kilomètre de diamètre pour extraire des diamants.

Des ouvriers s’activent désormais, sous la mine actuelle, à construire des souterrains pour accéder à des roches contenant des diamants à plus de 1 000 mètres de profondeur. De Beers, premier fournisseur mondial de diamants en valeur, parie que ce colossal investissement générera des profits pendant au moins deux décennies.

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« On traverse une période difficile », explique le directeur général de la mine, Ludwig Von Maltitz, alors que des camions chargés de roches remontent bruyamment à la surface.

Acheteurs indiens et chinois portent une timide croissance de la demande mondiale depuis dix ans

« Au niveau mondial, les sources de diamants les plus faciles d’accès ont probablement été trouvées, mais nous pensons qu’il y a un vrai potentiel » ici, ajoute-t-il à l’AFP.

« Le projet de Venetia est gigantesque, surtout que très peu de personnes investissent encore dans les mines en Afrique du Sud », septième producteur mondial de diamants en volume, estime Peter Major, analyste minier chez Cadiz Solutions, un fonds d’investissements basé à Johannesburg.

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« On dit toujours que la croissance démographique et la difficulté grandissante à trouver des diamants vont faire monter les prix, mais cela reste à voir. Aujourd’hui beaucoup de producteurs perdent de l’argent », affirme-t-il.

Au cours des dernières années, les prix du diamant ont beaucoup fluctué. Après la crise économique de 2008, les prix se sont ressaisis pour atteindre des sommets en 2011, puis ont chuté d’environ 20% jusqu’en 2015, avant de remonter doucement.

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Compte tenu de ces fluctuations, De Beers a fermé l’an dernier des mines de diamants au Canada et au Botswana. Il a aussi vendu ses derniers actifs dans la ville sud-africaine de Kimberley. Une décision extrêmement symbolique: c’est ici que le groupe avait été fondé en 1888 par le colon britannique Cecil Rhodes, quelques années avant la découverte en Afrique du Sud du plus gros diamant jamais mis au jour, le Cullinan.

Mais en dépit de ce contexte morose, De Beers s’est lancé dans le projet de Venetia qui fera partie des cinq plus grandes mines de diamants au monde en 2022, une fois que les opérations souterraines débuteront. Elle devrait être exploitable jusqu’en 2043, au moins.

La concurrence grandissante des pierres synthétiques

Même si le marché reste timide, avec une augmentation de 2% de la demande mondiale en diamants en 2015 selon De Beers, globalement les acheteurs chinois et indiens portent le marché depuis dix ans. Ces derniers ont adopté la tradition occidentale de la bague de fiançailles en diamants, symboles de l’amour éternel.

« La Chine et l’Inde mais aussi la spéculation sur une inflation continue du diamant ont contribué à l’augmentation des prix » de ces pierres précieuses, note l’analyste industriel Paul Zimnisky.

« Quand les prix augmentent, les mines qui n’étaient pas rentables le deviennent. Mais cela prend du temps avant qu’une mine de diamants soit opérationnelle, peut-être dix ans, explique-t-il. C’est la raison pour laquelle dépenser 2 milliards de dollars à la mine de Venetia est particulièrement significatif. »

Un sacré pari alors que le secteur minier devrait en outre souffrir de la concurrence des diamants synthétiques, dont le prix pourrait chuter dans les dix prochaines années avec l’amélioration des technologies.

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