La Syrie aux JO et à la Coupe du monde de football : un jeu hautement politisé La Syrie aux JO et à la Coupe du monde de football : un jeu hautement politisé La Syrie aux JO et à la Coupe du monde de football : un jeu hautement politisé
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La Syrie aux JO et à la Coupe du monde de football : un jeu hautement politisé

Publié le 4 mai 2016,
par VisionsMag.
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Mars 2016 : la Syrie s’est qualifiée pour le troisième tour des éliminatoires de la Coupe du monde de football en 2018. Yusra Mardini, réfugiée syrienne, pourrait être sélectionnée aux Jeux olympiques de Rio. Une participation aux tournois mondiaux hautement politisée.

Performances de l’équipe de football : un point pour al-Assad

Le 29 mars 2016, malgré sa lourde défaite face au Japon (5-0), la Syrie termine deuxième de son groupe et gagne ainsi sa place au troisième tour des éliminatoires de la Coupe du monde de football.

Un bel exploit pour l’équipe syrienne, qui depuis sa première participation aux sélections de la Coupe du monde en 1950 n’a jamais réussi à se qualifier. Malgré ses deux défaites face au Japon, la Syrie a gagné tous ses matchs contre les autres prétendants du groupe E – Afghanistan, Cambodge et Singapour. Grâce à cette performance, l’équipe pourra également participer à la Coupe d’Asie des nations en 2019. Pour participer à la Coupe du monde du 14 juin au 15 juillet 2018 en Russie, elle devra de nouveau prendre l’une des deux premières places de son groupe lors du troisième tour qui se déroulera d’août 2016 à septembre 2017.

Cette victoire n’est toutefois pas dépolitisée. L’équipe syrienne est présentée comme un instrument de propagande du régime de Bachar al-Assad, qui tente ainsi de donner l’image d’un pays sous contrôle. Pourtant, la sélection nationale a perdu une partie de ses joueurs qui ont fui le pays en raison du sanglant conflit qui ravage le pays depuis 2011. Certains d’entre eux ont créé une équipe parallèle au Liban, qui pourrait devenir officielle si le régime de Bachar al-Assad venait à être délogé. Dorsey, un des joueurs cette équipe nationale de la Syrie libre, affirme ainsi que l’équipe de la République arabe syrienne « est une équipe contrôlée par le gouvernement d’Assad (…) Dans ce pays c’est un sport complètement sous contrôle politique et l’a toujours été»(source).

Une réfugiée syrienne aux JO : un point pour le peuple

Le jeudi 28 janvier 2016, en visite dans le camp d’Eléonas en Grèce, le président du Comité international olympique (CIO) a annoncé qu’une délégation officielle d’athlètes réfugiés prendra part aux Jeux olympiques (JO) de Rio, et défilera juste avant la délégation brésilienne lors de la cérémonie d’ouverture du 5 août. Une place à la symbolique forte, afin « d’envoyer un message d’espoir et de confiance aux réfugiés et d’attirer l’attention du monde sur le sort et le problème des 60 millions de réfugiés dans le monde » d’après Thomas Bach.

Cinq à dix athlètes de haut niveau seront sélectionnés, et parmi eux une jeune nageuse syrienne de 18 ans a déjà retenu l’attention du CIO. Membre de l’équipe syrienne aux championnats du monde de natation en Turquie en 2012, Yusra Mardini fuit son pays natal aux côtés de sa sœur Sarah en août 2015. Elles s’embarquent en direction de l’Europe, mais cette traversée a failli leur coûter la vie : entassées sur un zodiac avec 20 autres personnes, le moteur tombe en panne en haute mer. Elles vont nager pendant plus de 3 heures pour aider l’embarcation à rejoindre la côte de l’île grecque de Lesbos. Cet acte héroïque leur permet de sauver la vie des autres passagers.

Aux côtés de Popole Misenga, judoka de la République démocratique du Congo réfugié au Brésil, et de Raheleh Asemani, iranienne réfugiée en Belgique pratiquant le taekwondo, Yusra fait partie des 43 candidats retenus par le CIO pour intégrer de l’équipe des athlètes réfugiés. Si elle réalise le temps de qualification, elle pourra faire partie des 5 à 10 candidats participant aux JO de Rio. « Je veux représenter tous les réfugiés parce que je veux montrer à tout le monde que, après la douleur, après la tempête, viennent les jours calmes » confie-telle au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

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Cinquième année du conflit syrien : les combats continuent, le sport aussi.

le sport continue en Syrie, la guerre civile aussi

Depuis 1948, la Syrie a participé à douze Jeux d’été et gagné trois médailles : argent en 1984, or en 1996 et bronze en 2004 (source). Si des athlètes de pays en guerre ont déjà pris part aux JO dans le passé – des Monténégrins en 1992 et des athlètes du Timor Oriental en 2000 – la participation d’une réfugiée syrienne serait une grande première.

Avec plus de 260 000 morts dont 76 000 civils, 7 millions de déplacés internes et plus de 4 millions de réfugiés dans le monde, la Syrie est le théâtre d’un jeu bien plus macabre que les compétitions sportives mondiales. Malgré les récents succès de l’équipe de football lors des qualifications pour la Coupe du monde, l’histoire de la nageuse et réfugiée Yusra Mardini, nous rappelle que si le sport continue en Syrie, la guerre civile aussi.

Références des images :  gannett-cdn.com / sputniknews.com