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2017 : Alain Juppé présente son projet "pas rock'n roll"

Alain Juppé a dévoilé mardi son projet économique. Suppression de l'ISF, passage aux 39 heures, "80 à 100 milliards d'économies" sur cinq ans, baisse d'impôts pour les familles... L'homme entend faire "sérieux", mais pas "casser la baraque" 

Christine Ollivier , Mis à jour le
Alain Juppé, ici lors d'un précédent meeting le 20 avril dernier.
Alain Juppé, ici lors d'un précédent meeting le 20 avril dernier. © Sipa press

"Ça ne va pas être rock'n roll", a prévenu Alain Juppé d'emblée au moment de présenter, mardi, son projet économique, développé dans le livre Cinq ans pour l'emploi publié mercredi. "Je parle du chômage, je ne vais pas me fendre la poire. Je vais être sérieux."

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"Sérieux" donc, l'ancien Premier ministre s'est donné un "objectif ambitieux" : "le retour au plein emploi" en cinq ans. Cet objectif est "parfaitement atteignable", a-t-il assuré. "Nous nous vantons d'avoir tout essayé. Oui, sauf ce qui a marché ailleurs!"

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Un seul dispositif d'allègements de charges

L'ancien Premier ministre a d'abord récusé "deux idées fausses : le partage du travail [...] ça ne marche pas" et le recours aux "emplois aidés [...] ça non plus ça ne marche pas". Alain Juppé entend donc "changer radicalement de logique et remettre l'entreprise au coeur de nos politiques pour l'emploi".

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Pour cela, le candidat à la primaire veut réduire le coût du travail. Tous les dispositifs d'allègements de charges existant seraient fondus en un seul dispositif ciblé sur les bas salaires : "Zéro charges patronales sur le SMIC avec une dégressivité jusqu'à 1,8 Smic." Les entreprises bénéficieront aussi d'une réduction des cotisations patronales famille de 10 milliards d'euros, qui sera financée par une augmentation d'un point de la TVA. 

Alain Juppé propose par ailleurs d'assouplir le CDI en permettant "d'inscrire dans le contrat de travail des motifs prédéterminés de rupture". La "durée de référence du travail" sera, elle, fixée à "39 heures". "Les entreprises auront deux ans pour négocier en fixant la durée du travail à 36, 37 ou 39 heures, en augmentant proportionnellement les salaires", a-t-il expliqué. Mais "en l'absence d'accord, la durée de référence de 39 heures pourra s'appliquer", a-t-il prévenu. Car "s'il n'y a pas de butoir, il ne se passera rien".

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"Il faut que le travail paie"

Cette augmentation du temps de travail sera synonyme selon lui de davantage de pouvoir d'achat pour les salariés, "jusqu'à l'équivalent d'un treizième mois" pour ceux qui passeront de 35 à 39 heures . Pour ceux qui bénéficient déjà d'heures supplémentaires entre 35 et 39 heures et qui les perdraient donc mécaniquement, "nous corrigerons la perte éventuelle par un système d'exonération fiscale et sociale", a-t-il promis.

Alain Juppé s'est également "engagé à supprimer l'ISF " et ce "dès 2018", et à "alléger la fiscalité du capital". Il a également promis de baisser de 11 milliards d'euros l'impôt sur les sociétés pour ramener son taux normal "à 30%", avec un "taux réduit à 24% pour les PME". Les classes moyennes n'ont pas été oubliées dans ce projet, et en premier lieu les familles, victimes selon lui d'un "matraquage fiscal". Il leur a ainsi promis une "baisse de l'impôt sur le revenu de 2 milliards d'euros environ au travers du relèvement du quotient familial à 2500 euros par demi-part". Selon lui, cela se traduirait pour une famille de trois enfants par une baisse d'impôt pouvant aller jusqu'à 4000 euros par an.

Plus globalement, "il faut que le travail paie", a souhaité Alain Juppé. L'ancien Premier ministre entend donc "plafonner le niveau des minima sociaux " afin que leur cumul "reste significativement en deçà des revenus d'activités". Pour les chômeurs, une "recherche insuffisante d'emploi" ou "un refus d'emploi" seraient sanctionnés par une suspension des allocations chômage. De même pour les allocataires du RSA qui refuseraient une proposition d'emploi ou de formation.

Juppé répond à ses concurrents

Ce projet, Alain Juppé entend le financer par une coupe drastique dans les dépenses publiques, "de l'ordre de 80 à 100 milliards d'économies" sur cinq ans. Car "baisser les impôts, tout le monde peut le faire", mais "il faut simultanément maîtriser la dépense". L'Etat devra contribuer à ces économies à hauteur de "25 à 30 milliards d'euros", via la suppression de "250.000 postes" de fonctionnaires, soit "4,6% des effectifs sur 5 ans", le rétablissement des deux jours de carence pour les fonctionnaires, et "l'allongement de la durée du travail dans la fonction publique: d'abord 35 heures" puis "progressivement il faudra monter au-delà de 35 heures".

Les collectivités locales devront quant à elles économiser entre 10 et 15 milliards sur cinq ans. La sécurité sociale devra aussi faire un effort de 50 milliards d'euros, au travers notamment du "report de l'âge de la retraite à 65 ans" qui devrait rapporter 20 milliards d'euros à l'Etat, mais aussi avec le retour à l'équilibre de l'assurance-chômage, une réforme des aides au logement ou la réduction des dépenses maladie. "Je ne veux pas renverser la table. Je ne veux pas casser la baraque", a lancé Alain Juppé, en allusion à des propos tenus par François Fillon . "Je ne mettrai pas à zéro notre modèle de protection sociale (...) Il faut garder les principes de notre sécurité sociale mais il faut la moderniser" et "faire cesser les dérives, les excès et les fraudes", a-t-il plaidé. De même, "je n'organiserai pas un référendum sur l'Europe avant d'avoir construit un projet européen", a-t-il dit, dans une allusion à Bruno Le Maire cette fois.

Appliquerait-il réellement ce projet une fois au pouvoir? Alain Juppé a posé lui-même la question. "On évoque tout de suite 1995..." et ses manifestations monstres, a-t-il ironisé. Et d'égrener la longue litanie des leaders européens qui ont réformé puis ont perdu les élections. "Je vais faire les réformes en France et... mes successeurs gagneront les élections", a lancé celui qui n'est candidat qu'à un seul mandat. Mais "c'est pendant la campagne présidentielle qu'il faudra afficher clairement la couleur (...) Je ne veux pas être élu en mentant sur l'ISF ou sur la retraite à 65 ans (..) si les Français me font confiance ça vaudra référendum". 

Source: leJDD.fr

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