Cosmétiques, produits ménagers : des médecins alertent sur les poisons du quotidien

LE FAIT DU JOUR. Des médecins lancent ce jeudi une campagne de prévention contre ces substances qui détraquent notre organisme.

    Incolores, pas toujours inodores et loin d'être indolores, les perturbateurs endocriniens se nichent tout autour de l'homme moderne. Dans l'air qu'il respire : en attestent les résultats dévoilés mercredi d'une campagne de mesures menée par Airparif durant tout 2014, en Ile-de- France. Une quarantaine de pesticides y flottent en permanence dans l'atmosphère, à la ville comme aux champs. Sous abri, ce n'est pas mieux. De la poêle où l'on cuit son steak, de la salade qui l'agrémente, à la peinture égayant la chambre d'enfant, en passant par le produit ménager avec lequel on croit tout assainir, ou la teinture dont on colore ses cheveux, ils sont là : invisibles ennemis qui détraquent notre système endocrinien, cette tour de contrôle hormonale de l'organisme. Avec des dégâts déjà constatés sur notre santé et une amplification à venir : fertilité en berne, maladies métaboliques en hausse et bébés déjà pollués in utero.

    Ce n'est pas une croyance, mais une certitude. « A force d'études, le puzzle scientifique est aujourd'hui suffisamment complet pour qu'on passe à l'action : une vraie prévention, faite de mesures simples. Nous médecins pouvons en prendre notre part », explique le docteur Pierre-Michel Perinaud. Généraliste installé à Limoges (Haute-Vienne) depuis trente ans, il préside l'AMPL (Alerte des médecins sur les pesticides) qui rassemble 1 600 médecins (généralistes, endocrinologues, gynécologues). A midi ce jeudi, depuis Paris, l'association dévoilera la campagne de prévention qui se lance à l'échelle du Limousin, et dont elle espère qu'elle fasse école, via la formation continue des généralistes en France. Mieux encore : qu'elle inspire les autorités sanitaires nationales, jugées trop attentistes.

    Sensibiliser et guider


    Les généralistes, les services de gynécologie et d'endocrinologie du CHU de Limoges vont épingler une affiche où sourit un bébé et s'alignent une demi-douzaine de questions sur nos habitudes (alimentation, utilisation de produits à la maison, contact chimique au travail). Les praticiens s'en serviront en consultation, pour sensibiliser et guider de quelques conseils pratiques les jeunes gens, futurs couples en désir d'enfant et femmes enceintes, cibles les plus menacées.

    Echapper à tous les perturbateurs endocriniens risque de se révéler encore longtemps impossible, tant que les lobbies industriels pèseront plus que les épidémiologistes, déplore l'AMPL. Mais au moins peut-on choisir « par quelques solutions utilisables tout de suite » de limiter le contact avec certaines molécules.