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"Ça n'arrive pas qu'aux autres' - Prostitution des enfants

Capture d'écran d'une campagne de l'ACPE contre la prostitution des mineurs, datant d'octobre 2014.
Capture d'écran d'une campagne de l'ACPE contre la prostitution des mineurs, datant d'octobre 2014. © DR
Anne Ceffrey

La prostitution est un sujet de moins en moins tabou en France. On pense souvent aux jeunes femmes étrangères ou aux étudiantes qui tentent de payer leurs études. Mais on imagine pas qu’elle concerne aussi un grand nombre de mineurs. Et c’est le plus souvent à l’école que cela se passe. L'association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE) se bat pour dénoncer et combattre ce problème.

Ils seraient entre 6000 et 8000 mineurs (source non-officielle par croisement de statistiques), concernés par la prostitution en France. Mais il ne s’agit pas de la prostitution de rue que l’on connaît. Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE), explique qu’il y a trois formes de prostitution des enfants en France. « Une connue de tous : la prostitution des petits étrangers, essentiellement des Roumains ou des Bulgares ». Une seconde forme qui prend la forme de « fellations dans les toilettes pour 20 ou 25 euros ».

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Les enfants ont accès de plus en plus jeunes à la pédopornographie et n’ont pas l’impression de s’adonner à la prostitution selon Armelle Le Bigot-Macaux. Il existe enfin une troisième forme que l’on commence à voir arriver : le phénomène des loverboys. Un nom très doux qui cache une réalité obscène. « Là, pour le coup, il s’agit de mini-proxénètes, c’est “si tu m’aimes, tu couches avec un tel et tu me ramènes de l’argent” ». Et les jeunes ne prennent parfois conscience de leurs actes que lorsque des images sont diffusées. Car il arrive souvent que de telles scènes soient filmées.

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Une campagne de l'ACPE contre la prostitution des mineurs, datant d'octobre 2014:

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« Ce qui est compliqué c’est le consentement, commente la présidente de l’ACPE. La brigade des mineurs appelle ça des "miols" plutôt que des viols car ce sont des actes plus ou moins consentis, du moins au départ. »

Collège et puberté

Les personnes concernées sont des adolescents, à l’âge « où l’on se lance dans des comportements à risque » explique Armelle Le Bigot-Macaux. « Pour les parents, l’entourage, ces comportements ne semblent pas toujours graves ! ». Et ce phénomène touche particulièrement les collégiens qui « sont à l’âge de la puberté, ils s’interrogent sur un tas de choses, sont fascinés par la pornographie etc. Ça change au lycée car les élèves ont accès à leur propre sexualité. »

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Pourquoi si jeune ? « Je pense que c’est à cause d’une énorme permissivité des parents. On interdit beaucoup moins de choses qu’autrefois, ça devient plus compliqué », explique la présidente de l’association. Et certains chiffres sont assez significatifs : la moitié des films pornographiques sont visionnés par des mineurs, dont 75% qui ont moins de 12 ans.

Agir

Le problème c’est aussi la difficulté d’aborder ce sujet. Armelle Le Bigot-Macaux considère que les enseignants sont plus compétents pour parler de sexe ou de prostitution, « l’école est un terrain plus neutre ». Seulement, les enseignants n’ont pas envie qu’on stigmatise leur établissement. C’est pour cela que l’association ACPE a créé un kit pour les enseignants. Ce kit qui aborde différents thèmes comme les sciences, l’éducation sexuelle ou l’instruction civile et morale doit permettre d’en parler plus facilement avec les élèves. Il a été adapté aux différents âges, aux différentes classes.

Pour terminer, Armelle Le Bigot-Macaux rappelle : « on a du mal à se rendre compte qu’il s’agit de prostitution, on ne veut as mettre le mot, mais il faut appeler un chat un chat ! On a toujours l’impression que ça n’arrive qu’aux autres, et c’est faux ».

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