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Présidentielle 2017 : le pari difficile d’Arnaud Montebourg

Au sommet du mont Beuvray, l’ancien ministre socialiste devrait exposer un début de programme, sans pour autant se déclarer candidat.

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Publié le 13 mai 2016 à 20h13, modifié le 16 mai 2016 à 08h40

Temps de Lecture 5 min.

Arnaud Montebourg, au sommet du Mont Beuvray, le 25 mai 2015.

Un pas de plus vers la candidature ? Lundi 16 mai, Arnaud Montebourg doit gravir le mont Beuvray, comme il le fait chaque année. Objectif de cette marche très politique dans le massif du Morvan : avancer un peu plus encore vers une candidature à la prochaine élection présidentielle. Le 8 mai, sur France 2, l’ancien ministre de l’économie était resté sibyllin au sujet de ses intentions réelles pour 2017. « S’il y avait des responsabilités à prendre, je les prendrais », a-t-il déclaré, sans plus de précision. Lundi, au mont Beuvray, il devrait « se mouiller davantage », selon Mathias Nirman, autoentrepreneur de 26 ans et membre du Parti socialiste (PS), à la tête du collectif Les Jeunes avec Arnaud.

Dans un discours d’une trentaine de minutes qu’il prononcera en plein air au sommet de la colline, l’ancien candidat à la primaire de la gauche en 2011 devrait exposer un début de programme, sans pour autant se déclarer. « Avant de dire qu’on est candidat, c’est bon de soumettre au pays un certain nombre d’idées », explique son lieutenant à l’Assemblée nationale, le député PS du Gard Patrice Prat.

Discret depuis son départ fracassant du gouvernement, le 25 août 2014, M. Montebourg a bel et bien décidé de revenir dans l’arène politique. Son association de campagne en 2011, Des idées et des rêves, a été récemment réactivée sous un nouveau nom : Les Amis de Montebourg. Un livre-programme doit être publié en septembre, quelques jours après la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), qui sonne chaque année, à la fin du mois d’août, la rentrée politique à gauche.

Troupes politiques réduites

Toujours membre du PS, mais sans mandat électif, M. Montebourg, devenu au cours des derniers mois vice-président d’Habitat et investisseur dans des start-up, conserve autour de lui des troupes politiques réduites. Parmi ses fidèles, on compte sa compagne et ancienne ministre de la culture, la députée de Moselle Aurélie Filippetti, M. Prat et Jérôme Durain, ses relais à l’Assemblée et au Sénat, le député de Saône-et-Loire Philippe Baumel, ainsi qu’Aquilino Morelle, conseiller politique de François Hollande renvoyé de l’Elysée en avril 2014.

Plusieurs de ses anciens collaborateurs à Bercy sont restés proches de lui, ainsi que les députés socialistes « frondeurs » Christian Paul (Nièvre) et Laurent Baumel (Indre-et-Loire). Dernier arrivé à ses côtés, l’ex-strauss-kahnien François Kalfon, conseiller régional d’Ile-de-France. Son équipe affirme que M. Monteboug se prépare et consulte tous azimuts. « Il voit beaucoup de gens en dehors de la sphère politique, au sein de la société civile : des syndicalistes, des entrepreneurs, des intellectuels, des hauts fonctionnaires, etc. », affirme M. Prat.

M. Montebourg est persuadé que le bilan de M. Hollande et les divisions profondes de la gauche empêcheront le président de la République de briguer un second mandat. Il veut donc obtenir du PS l’organisation d’une primaire pour désigner son prochain candidat à la présidentielle, et profiter de l’occasion pour s’y imposer comme le représentant d’une autre ligne politique et économique que celle incarnée par le chef de l’Etat, Manuel Valls et Emmanuel Macron. Primauté du politique, colbertisme, réorientation de l’Europe libérale : ses marqueurs idéologiques, qui lui ont valu sa rupture avec l’exécutif, sont connus.

Mais M. Montebourg est conscient que la perspective d’une compétition interne à la gauche, comme en 2011, semble cette fois peu probable. « Nous sommes très lucides, nous voyons bien que la direction du PS, téléguidée par l’Elysée, fait tout pour empêcher que la primaire ait lieu », regrette M. Prat. Le 9 mars, invité à la projection en avant-première à Paris du documentaire Nous, ouvriers, M. Montebourg a croisé sur place la romancière Marie Desplechin, signataire de l’appel pour l’organisation d’une primaire à gauche. « Oh, la grande prêtresse de la primaire à gauche ! », lui a-t-il lancé. Et d’ajouter : « Tu veux que je te dise qui va nous entuber ? Cambadélis ! »

Loin de faire l’unanimité

Selon ses proches, M. Montebourg prendra bientôt sa décision. « Dans le courant de l’été, il saura s’il y va ou pas », affirme un de ses amis. Mais en cas d’échec pour obtenir une primaire, l’hypothèse d’une candidature dissidente, en dehors du PS, n’a pas pour l’instant ses faveurs. « Je ne veux pas être celui qui casse la gauche, je ne veux pas être Taubira ou Chevènement en 2002 », a-t-il récemment confié à son entourage. Plusieurs de ses soutiens l’en dissuadent également. « Montebourg candidat hors du PS ? C’est très compliqué », reconnaissait en avril Mme Filippetti, qui craint que l’ancien patron de Bercy soit accusé de causer l’élimination de la gauche au premier tour de la présidentielle en provoquant sa division. « Le storytelling du pouvoir est déjà prêt : ils diront que c’est de sa faute et le tiendront pour responsable d’un nouveau 21 avril 2002 », explique l’ancienne ministre de la culture.

M. Montebourg n’a donc pas d’autre choix que de continuer à œuvrer à la disqualification du président de la République, en critiquant sans relâche son action, et d’espérer ainsi susciter un mouvement en sa faveur auprès des électeurs de gauche. Crédité de seulement 15 % de popularité, selon un sondage TNS Sofres publié le 4 mai, il n’est pas pour autant assuré de fédérer à gauche tous les opposants au chef de l’Etat ou au premier ministre. Si plusieurs de ses proches font partie des 56 signataires qui ont tenté, mercredi, de renverser le gouvernement en échouant de peu à présenter une motion de censure contre le projet de réforme du code du travail, il lui reste encore à convaincre plusieurs de ses camarades.

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Car M. Montebourg est loin de faire l’unanimité parmi ceux qui, au PS, contestent la politique du gouvernement. L’aile gauche du parti lui reproche toujours d’être l’un des responsables de la nomination de M. Valls à Matignon, en avril 2014 – à l’époque, M. Montebourg s’était allié avec l’ancien ministre de l’intérieur pour provoquer le départ de Jean-Marc Ayrault. « Je n’oublie pas que c’est en partie à cause de lui que Valls est premier ministre », rappelle ainsi le député européen Emmanuel Maurel. Les proches de Martine Aubry, eux, n’ont toujours pas digéré que M. Montebourg ait choisi de soutenir M. Hollande plutôt que la maire de Lille au second tour de la primaire de 2011. Quant à Benoît Hamon, avec lequel il partage beaucoup d’idées et qui participa à ses côtés à l’aventure du Nouveau Parti socialiste (NPS), il y a une dizaine d’années, celui-ci a déjà fait savoir qu’il pourrait être lui aussi candidat si une primaire est organisée pour 2017.

Entre Jean-Luc Mélenchon déjà en piste pour la présidentielle, Cécile Duflot qui a prévenu qu’il y aura un candidat écologiste au premier tour dans un an, et les prétendants multiples chez les frondeurs socialistes, l’espace politique pour M. Montebourg est donc encore étroit, même sur les cimes du mont Beuvray.

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