"Pfizer fabrique ses produits pour améliorer et sauver la vie des patients. Conformément à ces valeurs, Pfizer s'oppose à l'utilisation de ses produits dans des injections létales pour la peine capitale", a annoncé le groupe dans un communiqué publié vendredi 13 mai 2016 sur son site. Les opposants à la peine de mort ont salué samedi 14 mai 2016 cette annonce de Pfizer, qui rejoint ainsi de nombreuses autres entreprises du secteur pharmaceutique.
Il est choquant de voir la mission médicale détournée par les Etats
Concrètement, Pfizer explique que la distribution de sept produits sera limitée à un groupe de distributeurs et d'acheteurs qui s'engageront à ne pas les revendre à des institutions pénales. Les établissements publics acheteurs devront certifier que les produits ne seront utilisés que dans un but médical. "Il est choquant de voir la mission médicale des entreprises pharmaceutiques détournée par les Etats qui utilisent ces médicaments, censés sauver des vies et améliorer la qualité de vie, pour tuer des prisonniers", a dit à l'AFP Robert Dunham, directeur du Centre d'information sur la peine capitale.
Vers un retour aux "anciennes méthodes" ?
Maya Foa, directrice de l'association anti-peine de mort Reprieve, a qualifié la décision de Pfizer d'"exemplaire". "Cela signifie que tous les fabricants de produits pour exécution approuvés par la FDA (autorités sanitaires américaines, ndlr) ont pris position contre le détournement de médicaments pour des injections létales, et pris des mesures pour l'empêcher", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Selon elle, plus de 25 entreprises pharmaceutiques ont pris des mesures similaires à celles de Pfizer. Le nombre d'exécutions a baissé ces dernières années aux Etats-Unis, en raison notamment de la pénurie des substances utilisées dans les injections létales (partiellement due à l'interdiction européenne de vendre ces produits aux prisons américaines). Il faudra voir vers quel débat cette décision va mener. En effet, si la peine de mort reste autorisée, il est à craindre un retour à des méthodes "plus anciennes" ou que les Etats se tournent vers des préparateurs en pharmacie non homologués par la FDA. Ce qui a déjà été souvent le cas, créant ainsi des scandales avec l'agonie trop longue de condamnés à mort.
En 2015, 28 détenus ont été exécutés dans les 31 Etats où la peine capitale est appliquée, soit le nombre le plus bas depuis 1991, quand seuls 14 prisonniers avaient été exécutés. Au pic des exécutions, 98 prisonniers avaient été mis à mort en 1999.
