Quand il est écrit « ne pas s’approcher des bêtes sauvages » ou même « ne pas nourrir les animaux », c’est pour de bonnes raisons. Deux touristes américains ont cru judicieux de secourir un bébé bison en le ramenant à l’arrière d’un 4 x 4 auprès des gardiens du parc de Yellowstone parce qu’il avait « l’air d’avoir froid ».
Les gardiens se sont empressés d’infliger une amende à ces bienfaiteurs mal avisés. Toucher les animaux est évidemment interdit dans les parcs naturels, pour des raisons de sécurité, mais aussi parce qu’un animal approché par les hommes risquerait d’être rejeté par son groupe.
L’idée, saugrenue en soi, a eu des conséquences plus graves : le jeune bison n’a jamais pu réintégrer son troupeau, malgré les efforts des gardes forestiers. Un communiqué du parc de Yellowstone explique que le jeune animal, abandonné, avait pris l’habitude de s’approcher des voitures et des visiteurs. Pour des raisons de sécurité, il a dû être euthanasié.
Pourquoi cette solution radicale, une semaine seulement après la mésaventure du 4 x 4 ? Un responsable du parc, Jo Suderman, explique au site Argus Leader que le bison ne pouvait pas être transféré ailleurs à cause d’une quarantaine obligatoire, et que le parc ne pouvait pas s’en occuper entre-temps.
Le bison, mammifère national agressif
Cette triste histoire rappelle que le respect des règles de sécurité dans les parcs naturels est un problème aux Etats-Unis, en particulier pour les bisons, qui peuvent peser jusqu’à une tonne et se montrer agressifs. La distance limite pour approcher l’animal, tout juste nommé mammifère national du pays, est de 23 mètres. En 2015, une femme a été blessée après s’être approchée à 5 mètres pour prendre un selfie.
« Les gens doivent accepter que la vie sauvage est… sauvage » déclarait à l’époque une garde du parc au New York Times. Le bison est l’animal qui cause le plus de blessures chez les touristes, particulièrement pendant la saison de la reproduction qui rend les animaux particulièrement agressifs. L’été dernier, au moins 5 incidents graves ont été enregistrés par le parc de Yellowstone.
Mais les visiteurs persistent à outrepasser les distances de sécurité, en partie parce que d’approcher un bison promet toujours une belle photo, le Graal de notre époque connectée : sur Instagram, Twitter et Facebook, les bisons, a fortiori s’ils sont photographiés de près, ont toujours leur petit succès.
Apprécions cette femme qui s’approche dangereusement d’un bison pour le caresser.
Le New York Times compilait quelques exemples, le quotidien ayant lui-même été assailli de « selfies avec bison » après la publication de son article sur le sujet.
L’autre raison, semble-t-il, est que le bison est un symbole national fort. On vous laisse apprécier le patriotisme de cette touriste qui postait une photo du parc de Yellowstone en août 2015 :
« S’il y a bien un moment où je me suis sentie américaine, c’est en écoutant Rhapsody in Blue [une pièce de George Gershwin, compositeur américain] dans le parc national de Yellowstone, et en voyant passer une famille de bisons. »
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