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«La France ne parvient pas à soutenir et protéger suffisamment les entreprises françaises»

Le siège de Technip à la Défense © Jacky Naegelen / Reuters/Reuters

LE SCAN ÉCO - Après l'annonce de la fusion de Technip avec l'Américain FMC Technologies, Olivier Hassid, auteur d'un livre sur les menaces qui planent sur les entreprises françaises décrypte l'accélération de la fuite des fleurons nationaux.

Alors que Technip va fusionner avec l'Américain FMC Technologies afin que les deux groupes spécialisés dans les équipements pétroliers et gaziers accélèrent leur croissance et réduisent les coûts de leurs clients, Olivier Hassid, co-auteur du livre Menaces mortelles sur l'entreprise française* (sous-titré Déstabilisation, espionnage et faux procès), décrypte l'accélération des départs de fleurons français à l'étranger.

Le Figaro.- Peut-on considérer que malgré la sauvegarde de centres de décision en France et avec la mise en place de Thierry Pilenko, actuel PDG de Technip, comme président exécutif du nouvel ensemble, Technip change de nationalité?

Olivier Hassid.- Une entreprise française, c'est une société qui entretient avec le pays un lien fort. Les deux principaux déterminants sont l'existence d'actionnaires majoritairement français et le siège social dans le pays. Or le siège de Technip sera domicilié à Londres et l'actionnariat par la fusion sera de moins en moins français. Dans ces conditions, le lien entre l'entreprise et la France sera automatiquement réduit.

Que vous inspire cette perte?

Cette fusion avec l'américain FMC Technologies, leader mondial des systèmes sous-marins pour la production de pétrole et de gaz s'inscrit dans un mouvement inéluctable de départs de nos entreprises les plus innovantes à l'étranger et dont la liste s'allonge au fil des ans.

Les entreprises françaises sont des éléments de souveraineté au sein desquelles l'État a pu réaliser des investissements stratégiques. Quand une entreprise française passe sous pavillon étranger, ce sont des milliers d'emplois menacés, de la croissance en moins, des entreprises innovantes et haut de gamme qui assurent l'indépendance de notre pays perdues.

Malheureusement, ces enjeux sont les grands absents des débats politiques. Je ne suis pas opposé aux rachats de sociétés françaises par des investisseurs étrangers qui leur permettent de se développer. Ce qui m'inquiète c'est que ni les médias ni les politiques ne se posent de questions sur la prédation économique, c'est-à-dire le rachat pour piller ou détruire nos fleurons nationaux, sur l'espionnage industriel, ou sur l'existence en France d'entreprises innovantes qui nous permettent d'assurer l'indépendance de notre pays.

Pourquoi, selon vous, les entreprises françaises quittent-elles le territoire national?

Si on ne réduit pas la taxation et si on ne favorise pas les fonds d'investissement qui permettraient aux Français d'investir leur retraite mais surtout leur épargne dans les entreprises, on aura du mal à garder nos entreprises. Plus on aura des capitaux français dans les entreprises moins la possibilité de départs sera forte.

D'autre part, pour les entreprises les plus stratégiques, il faut instaurer des golden shares donnant la possibilité à l'Etat de veiller à leur pérennité sur le sol national sans pour autant dissuader les investisseurs étrangers de venir en France. C'est pourquoi, ce mécanisme de veto doit se limiter aux décisions les plus importantes des entreprises les plus stratégiques.

Enfin, la France ne parvient pas à soutenir et protéger suffisamment les entreprises françaises. Il faut renforcer les liens entre le territoire national et nos entreprises notamment en matière de sécurité (protection des données, etc.).

Ces départs vers l'étranger sont-ils récents?

Non mais c'est un phénomène qui s'accélère. On a des exemples récents précis. La fusion d'Alcatel, la fusion de Pechiney, Alstom et Lafarge, le départ d'Arcelor et on peut voir aussi du côté des ETI Gemalto. Ces exemples je les détaille dans un ouvrage récent*. Et c'est sans vous parler des start-up. Dans des études réalisées par la Chine, il ressort que la France est un pays innovant qui possède de nombreuses start-up. Les Chinois, entre autres, font du pick and choose.

*Menaces mortelles sur l'entreprise française (sous-titré Déstabilisation, espionnage et faux procès) (Nouveau Monde éditions) par Olivier Hassid et Lucien Lagarde.

«La France ne parvient pas à soutenir et protéger suffisamment les entreprises françaises»

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34 commentaires
  • Robinson Crusoe

    le

    Dans les déclarations de patrimoine des élus, bien peu comportent des actions ou même des SICAV actions : de la pierre, de la SCI, de l'assurance-vie, des livrets.... sans risques.
    Quel scandale lorsqu'il avait été révélé que Chaban-Delmas percevait des dividendes et des avoirs fiscaux !
    Un élu qui déclare une participation dans une entreprise est toujours soupçonné de conflit d'intérêts.
    Pas étonnant alors que les politiques ignorent l'entreprise, et souvent la méprisent sous les beaux discours.

  • brettman

    le

    pas que les ets mon garcon termine son master supply chain au havre et nombreux sont les jeunes qui revent de carriere a l etranger l age peut etre? mais cela pose quand meme quelques interogations

  • 2ARTS

    le

    vu la matraque de taxe et le prix de chaque députés,sénateurs c’est une honte . Anxiété et grève de ce pays en permanence on comprend pourquoi
    Pas un seul mois sans grève et des gens par milliers dans les rues c’est normal?