Que faut-il attendre si le “premier homme politique issu de la diaspora russophone” d’Israël est nommé “à la tête de la plus puissante armée du Proche-Orient” ? Le quotidien en ligne russe Gazeta.ru propose quelques éléments de réponse.

Après la démission de Moshe Yaalon, c’est Avigdor Lieberman qui devrait prendre la tête du ministère de la Défense israélien très prochainement. L’homme, natif de Chisinau – capitale de l’ex-République soviétique de Moldavie –, a émigré en Israël en 1978 à l’âge de vingt ans. Il est “considéré en Occident comme un fan de Poutine et un virulent anti-palestinien”.

Ce poste est considéré comme le deuxième plus important du pays après celui de Premier ministre. Comme le souligne le titre russe, aucun ressortissant d’ex-URSS n’avait jusqu’à présent accédé à un poste aussi influent. “La nomination de Lieberman constituera une percée politique de la communauté russophone d’Israël.”


Selon Benni Briskin, ancien conseiller de Benjamin Netanyahou interrogé par Gazeta.ru, s’il nomme Lieberman à la Défense, le Premier ministre israélien réalise l’union du Likoud avec le parti Israel Beytenou (“Notre maison Israël”), fondé en 1999 par Lieberman et orienté vers la communauté russophone. Lieberman a déjà été plusieurs fois ministre, et vice-Premier ministre entre 2009 et 2012, et cette “riche expérience en fait un allié précieux pour Netanyahou”.

Pour Zeev Hanin, professeur à l’université Bar-Ilan, interviewé par Gazeta.ru, la nomination du nouveau ministre de la Défense ne devrait pas nuire aux relations d’Israël avec son allié traditionnel, les Etats-Unis. Au contraire, dans ses négociations avec Washington, Lieberman ne sera pas entravé par le sentiment d’inimitié qui entache les relations entre Netanyahou et Obama. Par ailleurs, il entretient d’assez bonnes relations avec la candidate démocrate à la présidence américaine, Hillary Clinton.

“Très mauvais signal” pour les relations israélo-palestiniennes

Concernant les relations d’Israël avec la Russie sur la question de la Syrie, les experts interrogés par Gazeta.ru estiment qu’elles resteront stables. Actuellement, un accord entre les deux pays permet à la Russie de conserver son alliance avec l’Iran, et à Israël de frapper des cibles syriennes qui peuvent menacer ses frontières orientales. “La Russie a tout à gagner à la nomination de Lieberman, estime Elena Souponina, conseillère du directeur de L’Institut russe des recherches stratégiques. Il entretient en effet d’excellentes relations avec Vladimir Poutine.”

En revanche, concernant la question israélo-palestinienne, cette nomination est “un très mauvais signal”, estime l’experte. Pour Zeev Hanin, elle signifie que “la conférence internationale sur le Proche-Orient obtenue par Mahmud Abbas [et prévue en principe début juin à Paris] n’aura pas lieu dans un avenir proche”.