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Info France Bleu 107.1 | Les HLM très peu sociaux de la ville de Puteaux...

De
  • Sylvain Tronchet
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La gestion des HLM de la ville de Puteaux est épinglée par un rapport de l'agence nationale de contrôle du logement social, comme le révèle France Bleu 107.1 ce mardi. L'ANCOLS dénonce de nombreuses irrégularités.

La gestion de la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud est visée dans ce rapport
La gestion de la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud est visée dans ce rapport © Maxppp - Benjamin Girette IP3

Ce n'est pas la première fois que la gestion des logements sociaux de la ville de Puteaux est pointée du doigt pour son opacité et ses arrangements avec la loi. Mais année après année, la situation n'évolue pas. "Au contraire, c'est même de pire en pire" , se désole Christophe Grébert, conseiller municipal Modem et opposant historique à la toute-puissante maire Les républicains de cette (très) riche commune des Hauts-de-Seine, Joëlle Ceccaldi-Raynaud.

Extrait du rapport de l'ANCOLS sur l'office public de l'habitat de Puteaux
Extrait du rapport de l'ANCOLS sur l'office public de l'habitat de Puteaux © Radio France - ST

La dernière livraison des travaux de l'agence nationale de contrôle du logement social lui donne raison. Les inspecteurs de l'ANCOLS dénoncent le caractère très peu social de la population logée par l'office public de l'habitat de Puteaux (OPH). Dans leur rapport, que France Bleu 107.1 a pu consulter, ils déplorent le fait que seuls 17,5% des locataires sont éligibles à l'aide personnalisée au logement (APL) ! Malgré un niveau de ressources très supérieur à la moyenne en Ile-de-France, l'OPH de Puteaux ne leur impose que peu de surloyers. Seuls 13% des locataires en paient, et encore, l'office ne leur applique que la moitié du tarif imposé par la loi...

D'une manière générale, l'ANCOLS dénonce la "gouvernance globalement défaillante" des HLM putéoliens. Le  vice-président de l'OPH a ainsi voté la vente de son logement à son propre profit en conseil d'administration sans que personne n'y trouve à redire... L'office a également tenté de revendre à la ville un parking tout neuf pour 2,3 millions d'euros, alors que sa construction avait coûté 9,5 millions ! Une opération finalement abandonnée lorsqu'elle a été mise au jour par les gendarmes du logement social. Les marchés comportent "de nombreuses anomalies" notent les inspecteurs. D'autres opérations suscitent des interrogations, comme ces travaux dénoncés par Christophe Grébert sur son blog qui ne semblaient pas motivés par des considérations sociales très évidentes...

"Le bras armé d'une politique clientéliste" Christophe Grébert

Pour Christophe Grébert, les choses sont claires : _"l'OPH est le bras armé de la politique clientéliste de la maire de Puteaux, qui est également la présidente de l'office ! L'OPH ne remplit pas son rôle social. On met des gens aisés, parfois riches dans ces logements. On attribue des logements pour les amis ou des raisons X ou Y, que je ne connais pas, mais que je devine parfois." _ D'après l'élu Modem, près d'un conseiller municipal sur deux de la majorité est hébergé dans le parc social de la ville, l'un d'eux étant même propriétaire de trois logements, tout en bénéficiant d'un appartement de l'OPH.

L'OPH gère 5185 appartements, soit 22% des logements de la ville. Avec 20 000 demandes en attente et environ 300 attributions par an, obtenir une HLM est une vraie denrée rare dans cette commune limitrophe du Bois de Boulogne, arrosée par la manne financière de La Défense. Or les procédures d'attributions de ces logements sont également pointées du doigt par l'ANCOLS. Les dirigeants de l'office ont à de nombreuses reprises contourné les règles en vigueur en la matière. L'OPH a notamment "oublié" de prévenir la préfecture de la vacance de logements dont l'attribution était théoriquement réservée aux services de l'Etat. Une faute passible de sanctions qui, à ce jour, n'ont pas été prises. Plus étrange, les cas comme celui de ce locataire qui obtient un F3 cinq jours après en avoir fait la demande, alors qu'il vit seul ! Difficile d'avoir plus d'explications, puisque bizarrement, les documents de renseignements sont systématiquement détruits après les commissions d'attribution...

Une adjointe de Patrick Balkany à la tête des HLM de Puteaux

De fait, la gestion au quotidien des HLM de Puteaux ne se fait pas sans heurts. L'OPH a beaucoup de mal à recruter des cadres et a "usé" 4 directeurs financiers et 6 directeurs des services techniques en 6 ans ! Le poste de directeur général était quant à lui vacant depuis 2 ans après le départ précipité du dernier titulaire, un mois seulement après son arrivée. Les inspecteurs de l'ANCOLS notent qu'il était en désaccord "avec le conseil d'administration sur la stratégie et la politique de l'établissement". Un bon connaisseur du dossier décrypte : "l'office était en plein contrôle, et il a été effrayé par tout ce qu'il a découvert". Pour le remplacer, Joëlle Ceccaldi-Raynaud vient de lui trouver une remplaçante : Sylvie Ramond. Cette proche de Patrick Balkany, adjointe au maire de Levallois a été battue aux dernières élections départementales. Sa nomination est analysée par certains observateurs comme un parachute pour une militante fidèle. Sylvie Ramond s'est notamment illustrée pour avoir créé un "comité de soutien à Patrick et Isabelle Balkany". Pour Christophe Grébert, "en l'embauchant, la maire de Puteaux s'assure que le système sera bien verrouillé et que les dossiers resteront bien cachés".

Sollicitée par France Bleu 107.1, la maire de Puteaux n'a pas répondu à notre demande d'interview.

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