Les socialistes ont osé. Exhumer le droit de vote des étrangers aux élections locales pour le glisser parmi leurs «recommandations» institutionnelles a vait déjà quelque chose de cocasse si ce n'est d'indécent. On connaît le devenir de cette promesse électorale, brandie comme un étendard depuis Mitterrand par chaque candidat socialiste à la présidentielle avant que celui-ci ne l'enterre, faute d'avoir cherché une majorité pour voter cette réforme constitutionnelle symbolique. Réforme qui serait pourtant la preuve ultime d'une démocratie partagée et d'un pays au clair sur son ouverture au monde et aux autres. A l'heure où les grands chefs de ce qui reste de la majorité cherchent des «marqueurs de gauche» pour colmater les brèches de la politique sociale, la ficelle est énorme. Mais il y a pire. Entre novlangue socialiste et cynisme politique, on parle désormais du droit de vote des «ressortissants de pays tiers ayant un lien réel avec la France». Les conditions d'obtention restent inchangées : une carte de séjour ou une carte de résident de dix ans. Mais, dans une France de plus en plus frileuse, écrire noir sur blanc qu'il faut un «lien réel» avec la France, ce n'est même pas électoral, c'est politicien. C'est chercher à éviter de se voir soupçonné de donner une carte d'électeur aux sans-papiers et aux migrants dans le futur. On imagine les têtes pensantes du PS prises à leur propre piège : «On ne peut pas l'abandonner totalement donc il faut rendre la proposition acceptable.» Ce qui la rend inacceptable.
éditorial
Vote des étrangers : le PS entre cynisme et indécence
par Laure Bretton
publié le 25 mai 2016 à 20h11
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