Top départ pour les « marcheurs » de Macron

Des milliers de volontaires ont préparé le porte-à-porte que le ministre lance ce samedi pour un « diagnostic du pays ».

Lille (Nord), le 21 mai. Etudiants, avocats ou cadres, ils sont prêts à aller recueillir les avis de 100 000 Français et nourrir le projet de société d’Emmanuel Macron.
Lille (Nord), le 21 mai. Etudiants, avocats ou cadres, ils sont prêts à aller recueillir les avis de 100 000 Français et nourrir le projet de société d’Emmanuel Macron. (LP/Sarah Alcalay.)

    Ils sont une quarantaine, ce samedi 21 mai, au siège de la Sauvegarde, une entreprise sociale de Lille. La plupart ont entre 20 et 40 ans, étudiants, avocats ou cadres sup, prêts à donner une partie de leur temps à Emmanuel Macron. Tous ont été sélectionnés pour devenir les « coordonnateurs » des équipes de « la grande marche » (12 000 au total). A partir d'aujourd'hui et jusqu'à la fin de l'été, ils vont faire du porte-à-porte dans le pays, recueillir les avis de 100 000 Français anonymes et nourrir le projet de société du locataire de Bercy. Le top départ du porte-à-porte sera donné ce matin sur Facebook par le ministre de l'Economie.

    Ces volontaires passeront six heures à écouter un professionnel du marketing électoral, Guillaume Liegey, expliquer les outils dont ils disposeront : kits de formation, écran numérique pour transmettre en direct les témoignages vers un super ordinateur, page Facebook « En marche 59 » et tee-shirts gris au slogan En marche ! « C'est légal de taper à la porte des gens ? Comment entrer dans les immeubles, jusqu'à quelle heure ? » Les questions sont concrètes. Afin de stimuler le parterre aux mines sérieuses, Liegey cite abondamment la campagne d'Obama de 2008 à laquelle il a participé. Une référence nécessaire car les auditeurs n'ont rien de ces fans quasi envoûtés que peuvent enrôler d'autres leadeurs politiques.

    Ils sont plutôt en quête et pas encore en conquête

    Plutôt en quête et pas encore en conquête... Plutôt socialistes mais aussi centristes ou abstentionnistes... Christophe, l'entrepreneur qui loue la salle, vient de la gauche rocardienne. « Macron peut être la réponse à l'abstention, au FN et au front républicain, surtout dans une région comme la nôtre. » Renaud, avocat, est lui aussi socialiste : « Macron m'intrigue. Ce qui m'a plu c'est qu'il ait réussi à déverrouiller ma profession. De toute façon, il fallait que je m'éloigne du PS. »

    L'important pour Richard, chef d'entreprise, c'est que Macron soit « l'un des seuls à avoir compris que le numérique était de nature à changer le contrat social ». Robin, étudiant UDI, souligne que le ministre est le « seul à gauche à défendre un vrai projet européen », tandis que Catherine, militante UDI aussi, est là car « il n'y a pas de leadeur au centre, c'est mou et c'est l'entre-soi ».

    Benjamin, 25 ans, l'un des plus engagés, a failli adhérer aux Républicains, mais les « coteries, les manigances pour être promu et devenir salarié du parti l'en ont dissuadé ». « Désespérément, je ne me reconnais dans aucun parti, admet Bertrand, tradeur dans une banque. Macron pourrait fédérer tous les modérés. »

    Marine, mère de quatre enfants, milite « contre les extrémismes et cherche un mouvement qui puisse donner la parole à ceux qui ne l'ont pas. A Calais, la droite organise des fêtes et les socialistes distribuent des subventions aux associations. C'est triste. » A ses côtés, Shéhérazade, issue d'une famille maghrébine, cadre dans une grande surface, plaide pour plus de flexibilité. « Même avec mes origines, je sais qu'on peut s'en sortir. La libéralisation des cars, l'ouverture du dimanche sont de bonnes initiatives. »

    Tout cela dans quel but ? « Pour que Macron soit président en 2017 », assène Barbara, avocate. Vincent, thésard en droit, « attend de voir avant de [s']engager ». « En tout cas, j'espère qu'on ne fait pas cela pour rien », conclut Benjamin.