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A l'étranger, l'image de la France à nouveau écornée

Incapacité à se réformer, imperméabilité au changement, gouvernement faible, syndicat radicalisé... La presse étrangère n'est pas tendre quand elle juge la France.

Par Cécile Thibaud, Thibaut Madelin, Vincent Collen, Lucie Robequain, Michel De Grandi, Olivier Tosseri

Publié le 30 mai 2016 à 01:01

Au moment où François Hollande et Angela Merkel célèbrent, dans une ambiance détendue, le Centenaire de Verdun, la presse outre-Rhin jette un regard nettement moins bienveillant sur ses voisins français. Vendredi, la « Frankfurter Allgemeine Zeitung », estimait que le gouvernement de Hollande payait pour son manque de dialogue avec les syndicats. Or la CGT sait une chose : « une fois que les barricades brûlent, la plupart des présidents français cèdent », souligne le quotidien conservateur, pour qui ce conflit montre que les réformes en fin de mandat sont en général quasiment impossibles « a fortiori en France ». La presse régionale s'intéresse, elle aussi, au sujet. Le « Mannheimer Morgen » juge que le gouvernement français « ne sait pas expliquer sa politique » et change de cap en permanence.

Pendant que les touristes annulent leurs voyages en France à quelques semaines de l'Euro de football, l' Italie s'étonne de l'ampleur des manifestations et de leurs conséquences assez dures pour une loi qui n'est qu'une pâle copie du Job Act de Renzi. L'éditorial le plus acerbe est celui du « Sole 24 Ore » sous la plume du correspondant à Paris, Marco Moussanet : « La France est le pays européen le plus imperméable au changement. » Au moment où la Grèce adopte un paquet de réformes structurelles après l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et même l'Allemagne, seule la France se sent dispensée de lancer des réformes qui peuvent la faire sortir de sa croissance molle et de son chômage chroniquement haut. Il y a une France qui veut travailler et évoluer et une « qui ne veut pas accepter le changement, refuse de se mettre en jeu, a peur de perdre ses privilèges, ses garanties, ses avantages acquis », note l'éditorialiste.

En Espagne, la précampagne électorale incite les politiques à la prudence. Ce qui n'empêche pas Carlos Yarnos, correspondant d'« El Païs » à Paris d'écrire : « Dans un pays déjà commotionné par le terrorisme, la bataille entre un gouvernement affaibli et un syndicat radicalisé a mené la France au chaos du fait d'une réforme du marché du travail revue à la baisse. » Et d'ajouter : « La France n'admet pas de réformes profondes. Seulement des révolutions. » Pour lui, « il est impossible de comprendre pourquoi Hollande a lancé sa plus dure réforme, non prévue dans son programme électoral, à un an des présidentielles et à trois mois de l'Euro 2016 ».

A quelques semaines seulement du référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni prend néanmoins le temps de se pencher sur le climat social français. Pendant que le « Daily Telegraph » (conservateur) recommande aux Britanniques de remplir leur réservoir d'essence avant de traverser la Manche, le « Daily Mail » est plus politique. « Encore une fois, les syndicats français se révoltent. Encore une fois, les dirigeants vont céder. Et ils se permettent encore de nous donner des leçons sur la façon dont nous gérons notre économie », lance le quotidien de droite à fort tirage. Le « Guardian » laisse sa correspondante à Paris écrire : « Ce n'est pas seulement la survie politique de François Hollande qui est en jeu, mais l'image de la France elle-même. » « Hollande, qui a déjà cédé sur beaucoup d'autres lois, ne peut pas se permettre de céder à nouveau sans détruire ses chances, déjà maigres, de se faire réélire l'an prochain », note le « Sunday Times ».

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Aux Etats-Unis, les télévisions se délectent des images de pneus brûlés et de stations-service fermées. « Les Français donnent l'impression d'être toujours en grève », résume sévèrement le « New York Times », qui n'a pourtant rien d'un journal libéral. Les syndicats français « mènent un combat d'arrière-garde pour justifier leur existence, alors même que leur influence décroît », commente-t-il.

Les correspondants en Europe et aux Etats-Unis

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