Primaire à droite : tous les sondages

Premier tour 20. 11. 2016 | Deuxième tour 27. 11. 2016

Retrouvez ci-dessus les résultats des sondages publiés depuis 2015 sur la primaire de la droite, pour les cinq candidats recevant le plus d'intentions de vote. N’ont été retenus que les sondages sur les intentions de vote des personnes «certaines» de participer à la primaire, tous instituts confondus. Pour chaque candidat, ce sont les bornes hautes et basses du scores qui sont indiquées.

Primaire à droite : comment bien lire les sondages | le 30. 05. 2016

Le premier tour de la primaire à droite aura lieu le 20 novembre. Pour la première fois, les sympathisants de la droite et du centre choisiront leur candidat à l’élection présidentielle. Le scrutin réserve son lot de mystères. Nombre et noms des candidats, taille et composition de l’électorat… Dans une élection où le programme joue autant que la capacité à gagner, un soin particulier doit être donné aux sondages et à leur élaboration.

«Le problème avec les sondages, explique Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques à l’université de Lille, par ailleurs proche du PS, c’est qu’aujourd’hui, ils font partie de la réalité de la primaire plus qu’ils ne la reflètent.» «La primaire ouverte place au cœur du dispositif les sympathisants et au cœur des choix de sélection d’un candidat présidentiel les sondages d’intention de vote», analysait en 2015, dans la revue Pouvoirs, Florence Haegel, chercheuse spécialisée dans l’étude de la droite en France. Le choix d’un candidat à la primaire dépend en effet beaucoup de ses chances de gagner par la suite. Les électeurs votent en ayant en tête les sondages d’intention de vote pour la primaire et pour la présidentielle.

Un corps électoral incertain

«Cette primaire est un objet particulier, concède Céline Bracq, responsable de l’institut Odoxa, qui publie des sondages sur la question avec iTélé et le Parisien. Le corps électoral est mal défini en amont, et il n’y a aucun historique.» Tout électeur acquittant la somme de 2 euros et signant une charte de valeurs de la droite et du centre pourra voter. Rien ne permet aujourd’hui de savoir qui sera prêt à tout ça en novembre. La méthode des sondeurs pour cette primaire est donc adaptée de celle utilisée à gauche en 2011.

«On utilise une question filtre, explique Jérôme Fourquet, responsable des études à l’Ifop, qui publie des estimations en partenariat avec le Figaro ou Atlantico. On détaille les modalités de la primaire et ensuite, on ne travaille que sur la fraction de l’échantillon qui a indiqué être la plus certaine de participer.» Selon les instituts, les sondeurs retiennent seulement ceux qui se disent «certains» de participer ou plus largement ceux qui «comptent» le faire. La plupart demande ensuite à ces gens pour qui ils auraient voté si l’élection se déroulait le jour de l’entretien.

Des échantillons plus ou moins solides

La fiabilité d’un sondage a beaucoup à voir avec la taille de l’échantillon. Quand on sait que les électeurs «certains» d’aller voter à la primaire représentent au maximum 10% des personnes sondées, l’échantillon de départ doit être suffisamment gros pour que le sous-échantillon effectivement interrogé sur la primaire puisse être suffisamment solide. En juin 2014, plus de deux ans avant l’échéance, LH2 faisait ainsi un sondage sur un sous-échantillon de 238 personnes. Les scores de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé avaient des marges d’erreur de 5 points, avec des scores pouvant aller de 25% à 36%. Des marges d’erreur régulièrement omises dans les graphiques des sondeurs ou dans les reprises dans les médias.

Ipsos, qui mène avec le Cevipof, Sopra Steria et en partenariat avec le Monde une enquête régulière jusqu’à l’élection présidentielle, a fait le choix (coûteux) d’un échantillon large, de l’ordre de 20 000 personnes. Le sous-échantillon des personnes «certaines» de voter à la primaire est donc de 1 200 personnes, ce qui donne pour le candidat en tête des marges d’erreur de l’ordre de 2,5 points. Le sous-échantillon – et les marges d’erreur – sont de même taille chez Odoxa, mais parce qu’ils ont fait le choix de retenir les sondés «comptant» aller voter, et pas seulement les «certains».

Autre point d’attention, les quotas. Pour faire des sondages, tous les instituts utilisent la méthode des quotas pour s’assurer que leur échantillon correspond au mieux à la population entière. Ils sélectionnent les sondés sur le sexe, l’âge, parfois le niveau de diplôme. En travaillant sur des sous-échantillons, il y a des risques que cette représentativité soit perdue. «C’est la moins mauvaise solution, reconnaît Jérôme Fourquet. On ne dispose pas de données socio-démographiques sur un électorat en particulier, encore moins sur un électorat dont on ne sait rien, comme pour la primaire.»


Un électorat mobile

La question de l’électorat joue pourtant sur les résultats. «10% des électeurs potentiels de la primaire sont de gauche à l’heure actuelle, constate Rémi Lefebvre sur la foi des sondages. C’est un vote stratégique qui peut être vraisemblable, mais rien ne permet d’être sûr de l’électorat final.» Jérôme Fourquet partage l’analyse: «Dans l’hypothèse d’un duel LR-FN au second tour en 2017 [comme annoncé par certains sondages, ndlr], on peut se dire que des électeurs de gauche vont participer à la primaire qui apparaîtra comme une façon de se mêler au choix final qui sera proposé.»

Aujourd’hui, Alain Juppé fait une partie de son avance avec des électeurs plutôt à gauche ou au centre. «Alain Juppé a pour principale légitimité d’être en tête, analyse Lefebvre. La calcul de Nicolas Sarkozy est que seuls les plus radicaux à droite vont se mobiliser.» Et quand on regarde les intentions de vote à la primaire pour les sympathisants de droite – où l’échantillon est par conséquent plus faible – les scores entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont plus serrés.

Des candidats non-définitifs

«Si les primaires ouvertes n’ont pas inauguré la démocratie d’opinion, elles l’ont renforcée», constate Rémi Lefebvre. Les sondages sont un outil essentiel du storytelling de la primaire. Repris comme argument par certains candidats, décriés par d’autres, commandés et publiés par de nombreux médias, décryptés par les «experts». Depuis janvier 2015, une quinzaine de sondages a été publiée sur la primaire de la droite, dont dix en 2016. «Les sondages à six mois ne se veulent pas des pronostics, rappelle-t-on chez Odoxa. C’est un élément d’information parmi d’autres.»

Alexandre Léchenet
Illustrations BiG
Production Libé Six Plus

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