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SNCF : bras de fer entre la direction et le gouvernement

¤ L'exécutif a fait des concessions aux syndicats que refusait Guillaume Pepy. ¤ La CFDT lève son préavis. L'Unsa maintient le sien avec la CGT et Sud.

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Par Lionel Steinmann

Publié le 31 mai 2016 à 01:01

Les négociations menées cette fin de semaine par les pouvoirs publics avec les syndicats de la SNCF, afin de limiter l'impact de la grève annoncée à partir de mardi soir, ont viré à l'épreuve de force entre le gouvernement et la direction de l'entreprise publique. Au point que le service de presse du groupe a dû lundi après-midi « démentir formellement » les rumeurs de démission de Guillaume Pepy, le patron du groupe, qui revenaient de manière insistante.

Confrontés à des revendications sectorielles qui viennent s'agréger à la contestation contre le projet de loi travail, François Hollande et Manuel Valls ont en effet choisi de circonscrire un à un ces foyers d'agitation (« Les Echos » du 30 mai). Cette tactique est appliquée à la SNCF, où les quatre organisations représentatives (CGT, Unsa, Sud et CFDT) ont déposé des préavis reconductibles à partir de mardi soir pour peser sur la négociation de nouvelles règles d'organisation du travail, au niveau de la branche et au sein du groupe public.

Objectif : faire les concessions nécessaires pour que l'Unsa et la CFDT, respectivement deuxième et quatrième force syndicale du groupe, lèvent leur préavis, ce qui limiterait l'ampleur du mouvement de grève. Le gouvernement fait donc pression dans ce sens sur la direction de la SNCF depuis plusieurs jours.

Mais Guillaume Pepy ne l'entend pas de cette oreille. Il l'a répété à plusieurs reprises ces derniers mois : pour la SNCF, cette négociation est une opportunité historique de remettre à plat son organisation et de combler une partie de son déficit de compétitivité face à ses concurrents privés et face à la route.

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Un « relevé de décisions »

Le dirigeant a donc refusé, malgré l'instance de l'exécutif, de se montrer plus conciliant que prévu dans les discussions. Et, selon plusieurs sources, il a même menacé, la semaine dernière, de démissionner. En vain. Alors que la séance de négociations officielles entre syndicats et direction s'est achevée vendredi soir sur un constat de désaccord, la CFDT et l'Unsa ont vite compris le parti qu'ils pouvaient tirer de la situation. Et ont poursuivi durant tout le week-end des discussions informelles avec le gouvernement, contournant ainsi Guillaume Pepy.

Ces rencontres ont abouti à un « relevé de décisions » qui contient plusieurs avancées et sur la base duquel la CFDT a décidé de lever son préavis. Mais comme le syndicat l'a indiqué, le document « émane des pouvoirs publics, ce n'est pas celui que défendait l'entreprise », à qui le gouvernement a « forcé la main ». L'Unsa, de son côté, a décidé de maintenir sa participation à la grève. Selon un expert, l'organisation n'aurait pas renoncé à obtenir d'autres concessions, notamment sur le niveau d'indemnités des agents.

Prochaine séance de négociation le 6 juin

Le gouvernement a donc réussi à fissurer le front syndical, mais avec trois organisations engagées dans une grève reconductible à dix jours du début de l'Euro, la situation s'annonce tout de même périlleuse. Et l'étalage au grand jour des divergences avec la direction de la SNCF n'arrange rien.

Selon une source proche du dossier, les négociations vont se poursuivre, pour aboutir, d'ici au 6 juin (date de la prochaine séance de négociation officielle) à un accord, qui, outre les aspects sociaux, comporterait « une dimension économique et financière ». La reprise d'une partie de la dette du ferroviaire (près de 50 milliards d'euros au total) ferait partie des sujets à l'étude. Un tel accord permettrait à Guillaume Pepy de sortir par le haut de cette crise malgré les arbitrages perdus ces jours-ci. Ce scénario suppose tout de même d'endurer six jours de grève à la SNCF. Pas sûr que François Hollande et Manuels Valls y soient prêts.

Lionel Steinmann

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