Chômage des seniors : la durée d’indemnisation sur la sellette
Le taux d’emploi des seniors a fortement progressé en France depuis quinze ans mais reste très inférieur à la moyenne de l’OCDE. Le CAE propose des mesures d’ampleur.
Par Claire BAUCHART (Journaliste)
Depuis une quinzaine d’années, le taux d’emploi des 55 à 64 ans progresse en France. Il est passé de 37,9% au début de 2008 à 48,9% à la fin de 2015. Cette amélioration, Pierre Cahuc, Jean-Olivier Hairault et Corinne Prost, auteurs d’ une note pour le Conseil d’analyse économique (CAE), la mettent notamment sur le compte des réformes des retraites, dont le recul de l’âge légal de départ, ou des réformes de l’assurance-chômage, avec la fin du dispositif de dispense de recherche d’emploi.
La France à la traîne par rapport à ses voisins de l’OCDE
Reste que le taux d’emploi des seniors en France demeure inférieur de 10 points à la moyenne de celui observé dans les autres pays de l’OCDE. Une différence provenant surtout du faible taux d’emploi des 60-64 ans . « Pendant longtemps, la sortie des seniors du marché du travail a été organisée en croyant parvenir à un partage du travail entre générations », déplorent les trois économistes. Mais cela « n’a pas réduit le chômage et s’est soldé par une baisse du PIB potentiel. »
Pour ces experts, le système dans l’Hexagone pousse toujours à sortir les seniors prématurément du marché du travail. « Cela est absurde car ce sont justement les personnes qui ont le plus de mal à retrouver du travail et qui coûtent le plus cher à la collectivité, » soulignent-ils.
Réduire la durée d'indemnisation des plus de 50 ans
Afin de remédier à la situation, les experts du CAE formulent six recommandations, dont certaines ne devraient pas manquer d’interpeller alors que les négociations pour la prochaine convention Unédic sont toujours en cours . En particulier, le CAE préconise de ramener la durée d’indemnisation pour les plus de 50 ans à deux ans maximum, contre trois actuellement. « Cela nous semble nécessaire et pas dommageable pour le retour en emploi si l’on dispose, en substitution à cette réduction, une augmentation des moyens et des dispositifs », selon Jean-Olivier Hairault.
De fait, parmi les autres recommandations du CAE figure la mise en place d’un plan spécifique d’accompagnement et de formation pour les chômeurs de plus de 50 ans. Dans le cadre de l'actuelle négociation sur les règles de l’assurance-chômage, une telle réduction de la durée d’indemnisation ou le report du seuil des trois ans d’indemnisation de 50 ans à 55 ans ou plus sont régulièrement évoqués du côté patronal, certains syndicats étant aussi prêts à des évolutions mesurées.
Un bonus-malus pour les cotisations employeur
Parallèlement, le CAE relance l’idée de l’instauration d’un système de bonus-malus pour les cotisations employeur d’assurance-chômage selon que les entreprises licencient plus au moins de seniors. « Les entreprises doivent être mieux responsabilisées. L’ensemble du système doit mieux fonctionner afin de mieux réguler ces sorties de seniors », a également souligné Jean-Olivier Hairault.
Quant au système de retraite, les experts du CAE recommandent de mieux faire connaître à la population les dispositifs de retraite dite « choisie » (cumul emploi-retraite, retraite progressive). Ils plaident enfin pour une harmonisation des règles actuelles afin de faire évoluer le système vers « un régime unifié à points. »