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«La croissance molle» menace l'économie mondiale, selon l'OCDE

L'Organisme tire la sonnette d'alarme en appelant les Etats à activer le levier de la politique budgétaire pour éviter le piège d'une apathie généralisée.
par Vittorio De Filippis
publié le 1er juin 2016 à 15h41

Dans sa peinture La persistance de la mémoire, Salvador Dali met en scène la mort en peignant ses fameuses montres molles. Par leur ramollissement, ces tocantes symbolisent le moment du passage dans l'éternité. L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) se serait-elle inspirée de l'œuvre du peintre catalan pour caractériser l'état de l'économie mondiale? Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques publié ce mercredi, l'OCDE estime que le monde est tombé dans «le piège de la croissance molle». La croissance mondiale ne devrait pas dépasser les 3% cette année et 3,3% en 2017. «L'économie mondiale est prise au piège d'une croissance molle qui nécessitera de recourir de manière plus large et mieux coordonnée aux politiques budgétaires, monétaires et structurelles», assure Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE à l'occasion de la réunion annuelle du Conseil de l'organisation.

 «Si une croissance aussi faible se prolonge, le risque est que les perspectives d'emploi soient moindres pour les jeunes et que les engagements pris envers les personnes âgées en matière de santé et de retraite ne puissent être tenus», estime Catherine Mann, chef économiste de l'OCDE. Avec une croissance inférieure en moyenne de moitié à son potentiel dans les pays de l'OCDE, il faudra 70 ans à leurs populations pour doubler de niveau de vie, deux fois plus qu'il y a vingt ans. Pour 2017, la Russie (-4,3%) et le Brésil (-1,7%) resteront en récession. La Chine verrait la hausse de son Produit intérieur brut (PIB) passer de 6,5 % cette année à 6,2 % l'an prochain. Seule l'Inde, (avec 7,5 %), échappe au marasme. Du côté des pays industrialisés, la reprise modérée se poursuivrait aux Etats-Unis (1,8 % et 2,2 %). Les pays de la zone euro devraient connaître une légère amélioration avec une croissance de 1,6 % cette année et 1,7 % en 2017. En France, «la croissance économique devrait atteindre 1,4 % cette année et 1,5 % en 2017», prévoit l'Organisation.

Quel impact d’un Brexit ?

A son tour, l'OCDE tente d'évaluer l'impact économique d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Selon les calculs des experts du Château de la Muette, un Brexit se traduirait par une baisse de 5% du PIB britannique d'ici 2030. Et d'ici 2018, la baisse du PIB pourrait atteindre 1,8%. Quant à une nouvelle Union européenne à 27, le recul du PIB pourrait y être de 1%.

Face à la menace de la stagnation de l'économie mondiale, l'OCDE incite les Etats à prendre des initiatives pour doper la croissance et à ne plus attendre uniquement la solution de la part des banques centrales, dont le levier a été «trop longtemps exclusif» et dont les instruments «sont trop sollicités». L'économiste en chef de l'OCDE a appelé les Etats à mettre «plus largement à contribution» la politique budgétaire en procédant à des «dépenses de qualité» susceptibles de dynamiser la croissance, d'autant plus qu'ils peuvent se financer à des taux d'intérêt très bas sur les marchés. Mais pour cela, il faudra, toujours selon l'OCDE, adopter des politiques structurelles propres à stimuler l'innovation, le dynamisme des marchés et donc la croissance. Pas question donc d'appuyer sur une relance budgétaire par voiE d'emprunt. Le message de l'OCDE reste relativement clair: politiques budgétaires et politiques structurelles ne peuvent se conjuguer qu'avec une plus grande flexibilité des économies, une remise en cause de rigidité qui, selon l'OCDE entretiennent la mollesse de la croissance… Et pour longtemps. Tout un credo qui reste au centre des analyses économiques de l'OCDE.

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