45% des importations d’huile de palme finissent à la pompe

Usine d'extraction d'huile de palme. [Marufish/Flickr]

Les biocarburants à l’huile de palme sont une catastrophe pour la déforestation et le bilan carbone. Un article de notre partenaire, le Journal de l’Environnement.

Moins présente dans l’alimentation, l’huile de palme s’est fait une place à la pompe. Au point que 45% des importations de cette graisse végétale finissent dans nos réservoirs. Avec des conséquences environnementales désastreuses, tant pour la déforestation sur place que pour notre bilan carbone.

L’équivalent de 4 piscines olympiques d’huile de palme finissent dans les réservoirs des voitures et des camions européens. C’est le calcul réalisé par l’ONG Transport & Environment, qui a eu accès aux données de l’association des huiles végétales européennes (Fediol). «Entre 2010 et 2014, la part de l’huile de palme importée en Europe à destination des agrocarburants (biodiesels) est passée de 8% à 45%. (…) Cela se traduit par une augmentation de 606% des quantités d’huile de palme utilisée pour le biodiesel», s’alarme France Nature Environnement (FNE). 15% de ces importations sont utilisées pour le chauffage et la production d’électricité. Ce qui signifie que 60% des importations d’huile de palme vers l’Europe sont à but énergétique.

>> Lire : L’industrie fustige le « populisme » de l’UE en matière de biocarburants

Usages en régression

Des chiffres qui masquent le recul de l’usage de l’huile de palme pour les autres usages (-20%). «En fait, l’huile de palme a répondu intégralement à la croissance de la demande sur la période 2010-2014. Et malgré la baisse de la consommation dans l’alimentation (-1,1 million de tonnes), le biodiesel a tiré vers le haut les importations [qui représente 3,5 milliards de litres]», constate Camille Dorioz, chargée de mission Agriculture à FNE.

Bilan carbone exécrable

Une catastrophe pour le changement climatique –que le recours aux agrocarburants était censé endiguer- puisque la production d’huile de palme et de soja (les deux principaux végétaux employés) est synonyme de déforestation. «Les agrocarburants fabriqués à partir d’huiles végétales vierges, soit 60% du marché en 2020, sont 80% pires pour le climat que le carburant fossile», a calculé T&E. L’institut international de recherche sur les politiques alimentaires estimait, dès 2013, que le bilan carbone du biodiesel produit à partir des huiles de palme, de colza et de soja était supérieur à celui du gazole. Alors que l’Union européenne s’apprête à communiquer sur sa politique pour décarboner les transports, Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles chez FNE, rappelle opportunément que «l’Europe n’a pas voulu réguler la production d’agrocarburants par des critères environnementaux. (…) Le résultat, aujourd’hui, est que les Français roulent en provoquant la déforestation de l’Asie du Sud-Est».

>> Lire aussi : Désaccords à Bruxelles sur les biocarburants issus des cultures vivrières

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