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PROCHE-ORIENT

Dialogue avec les Palestiniens : ces Israéliens qui veulent encore y croire

La France organise vendredi une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient, sans grande illusion sur ses chances de réussite. Mais des Israéliens veulent croire que cette réunion amorcera un dialogue entre Israël et les Palestiniens.

Une patrouille israélienne le long du mur de séparation, le 24 février 2016.
Une patrouille israélienne le long du mur de séparation, le 24 février 2016. Thomas Coex, AFP
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"Non, cette conférence pour la paix n'est pas vaine !" Ofer Bronchtein, le président franco-israélien du Forum international pour la Paix, le répète à l’envi. "Que croyez-vous ? Que la communauté internationale se réunit pour boire du champagne ?"

À l'heure où la France organise, vendredi 3 juin à Paris, une conférence internationale pour la paix au Proche-Orient, ce militant pour le rapprochement entre Israéliens et Palestiniens fait partie de ceux qui restent "optimistes". Le mot paraît presque inapproprié tant le fossé entre les deux frères ennemis est profond. "Je reste optimiste parce que je n'ai pas d'autre alternative", explique-t-il à France 24 depuis la ville de Ramallah, en Cisjordanie, où il s'est rendu mercredi 1er juin.

"Montrer qu'on soutient l'initiative de la France"

Deux jours avant le sommet parisien - qui doit rassembler une vingtaine de pays, plus l'UE et l'ONU -, Ofer Bronchtein a en effet rencontré le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ce jour-là, il était accompagné d’une petite délégation de plusieurs ex-ambassadeurs d'Israël en France et de plusieurs figures de la culture israélienne, dont les chanteuses Noa et Mira Awad. "Vous dites que personne n'y croit, mais on est déjà huit, ici, à y croire. On est là pour montrer qu'on soutient l'initiative de la France. On est là pour dire qu'une solution à deux États est viable", précise-t-il. "M. Abbas m'a dit qu'il était prêt à rencontrer [le Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahou."

Activiste depuis plus de 30 ans, Ofer Bronchtein se défend de toute naïveté. "Je suis lucide, très lucide. Je sais que le chemin sera long. Cela fait plus de 20 ans qu'on attend… Il faudrait qu'à l'issue de cette conférence [à Paris], des choses concrètes soient réalisées, comme la formation d'un groupe de travail avec un mandat précis et un agenda précis […] Tout cela dépendra de l'audace de la communauté internationale, de la détermination de la France et de l'influence des États-Unis."

Paris ne se fait pas de grandes illusions

Force est de constater que la petite délégation porte seule son optimisme. La France ne s'est jamais fait de grandes illusions sur ses chances de rapprocher les deux camps ennemis. Elle n'a pas cherché à créer trop d'attentes concernant un dossier marqué par des décennies de négociations et d'espoirs de paix déçus. Ni les Palestiniens, ni les Israéliens n'ont d’ailleurs été invités à siéger à cette réunion internationale.

Pour Jean-Marc Ayrault, le chef de la diplomatie française, cette rencontre serait plus un "prélude", durant lequel il espère obtenir de la communauté internationale un réengagement en faveur d'une solution à deux États. Un premier pas nécessaire, estime Didier Billion, spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). Depuis 2014, les négociations de paix étaient au point mort. "Il était nécessaire qu'un pays reprenne l'initiative [de pourparlers]", a-t-il expliqué dans un article publié sur le site de l'Iris.

"Les Israéliens ne sont pas prêts à faire la paix"

Les experts, eux, affichent ouvertement leur scepticisme quant à l'utilité de cette énième conférence de paix. "Les Israéliens ne sont pas prêts aujourd’hui à faire des concessions, ils ne sont pas prêts à faire la paix", a déclaré à France 24 Yossi Mekelberg, un expert du processus de paix israélo-palestinien, basé à Londres. Sur le plan politique, déjà. "La récente nomination d'Avidgor Lieberman [le ministre de la Défense, ultranationaliste] au gouvernement en est le signal le plus clair", précise-t-il.

Sur le plan diplomatique ensuite, l'État hébreu accepte mal que la France mène la danse de ces nouveaux pourparlers. "Le gouvernement israélien redoute que les négociations françaises et internationales soient davantage favorables aux Palestiniens", a affirmé de son côté Ofer Zalzberg, un autre spécialiste du Proche-Orient contacté par France 24. Selon cet expert de l'ONG International Crisis Group, "Israël s'inquiète de la possible reconnaissance par la France et par l'Europe d'un État palestinien."

Pour prouver sa bonne foi dans la recherche d'un compromis de paix, Israël a souvent brandi la carte d'un tête-à-tête avec les Palestiniens. L'État hébreu a toujours voulu négocier avec son voisin, seul, sans la participation de la communauté internationale. "L'asymétrie totale […] entre les deux parties place[rait Israël] en situation de force", précise Didier Billion. "Les Palestiniens sont épuisés et affaiblis par tant d'années d'occupation et par une situation économique qui n'est guère brillante, ce qui permettrait au gouvernement israélien, dans le cadre d'une négociation bilatérale, de maintenir le blocage et le refus de la proclamation d'un État palestinien."

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