Le 1er juin, la BBC a commencé à diffuser Versailles. Les Britanniques ont enfin pu découvrir la série française de Canal +, diffusée en novembre dernier sur la chaîne cryptée, et précédée outre-Manche par une réputation sulfureuse. The Independent s’empresse d’ailleurs de le confirmer à ses lecteurs : non, ce n’est pas un programme à regarder en famille.

 
Les premières scènes osées vont déferler dans votre salon au bout de deux minutes à peine. La mère de famille va rougir et ne plus savoir où se mettre, tandis que tout le monde décidera qu’une petite visite à la salle de bains s’impose, quand bien même tous y avaient défilé avant le générique.”


Et pour les téléspectateurs britanniques qui ne sauraient pas ce qu’est une “scène osée”, les tabloïds se font un plaisir de leur mettre les points sur les i. “Ooh la la”, prévient par exemple le Daily Mail avant la diffusion du premier épisode. QUATRE scènes de sexe en dix-sept minutes !” Le quotidien présente bien sûr les preuves du délit, pour que ses lecteurs n’ignorent rien de ce qui les attend dans la soirée à “21 ​​h ​32, 21 ​​h ​​47, 21 ​​h ​​48 et 21 ​​h ​ 49”. The Sun, quant à lui, annonce “sept scènes classées X en moins d’une heure” – mais pour avoir des précisions sur l’intrigue ou la mise en scène, le lecteur devra aller puiser ailleurs ses informations.

Follement divertissant

L’histoire française revue et filmée par Canal + est en tout cas “beaucoup plus divertissante que ce que nous avions appris à l’école”, confesse The Guardian, pour qui Versailles se trouve “quelque part à la rencontre entre Game of Thrones et Emmanuelle. Une série déconseillée, donc, aux amateurs de “caractères fouillés et de véracité pointilleuse”.

L’un des rares titres à s’étonner de tous ces émois est The Daily Telegraph. “Quand les Français s’intéressent aux poitrines pigeonnantes et aux dandys lubriques, vous savez pertinemment que la vision d’un noble nu badigeonné de jus de citron va surgir d’un moment à l’autre”, plaide le quotidien conservateur, faisant allusion à l’une des scènes d’ouverture où Louis XIV se livre à des ébats citronnés avec sa maîtresse. “Et ce n’est pas comme si les scènes de sexe étaient novatrices en quoi que ce soit”, enchaîne-t-il. Rome ou Game of Thrones sont déjà passées par là.

“Alors pourquoi ce tollé ?” s’interroge The Daily Telegraph. La raison vient peut-être du constrate avec les séries d’époque que propose habituellement la télévision britannique. “Alors que, dans les programmes américains et européens, tout le monde se déshabille à la première occasion, ici la retenue reste de mise”, souligne-t-il, rappelant que les héroïnes de Dowton Abbey “gardaient leur corset à moins d’avoir une bonne raison de l’ôter”. En d’autres termes, conclut-il, le déluge de sexe de Versailles s’apparenterait à “une offensive de choc qui nous laisse désarçonnés”.