Les mosquées de Molenbeek se dévoilent ce week-end

Pour la première fois, 16 des 24 mosquées de la plus célèbre commune du pays participent à des journées portes ouvertes.

Julien Thomas
Photos Bernard Demoulin: Journee porte ouverte a la mosquee rue Delaunoy a Molenbeek
Photos Bernard Demoulin: Journee porte ouverte a la mosquee rue Delaunoy a Molenbeek © Bernard Demoulin

Pour la première fois, 16 des 24 mosquées de la plus célèbre commune du pays participent à des journées portes ouvertes. "C’est la première fois que je rentre dans une mosquée. Apparemment, on vient de me dire que c’est un endroit qui était accessible au public tous les jours de l’année, à l’heure de la prière. Je ne savais pas" , explique Frédérique, venue ce samedi avec Eve et Zoé, ses deux enfants de 7 et 12 ans, à la mosquée Al Khalil, à Molenbeek.

Comme quelques autres curieux, cette mère de famille de 38 ans a décidé de consacrer son samedi après-midi à la découverte de ce qui est un des plus grands lieux de culte musulmans du pays. Cet immense bâtiment d’une capacité d’accueil de 1.500 fidèles, soit un peu moins que la Grande Mosquée du Cinquantenaire, est une des 16 mosquées molenbeekoises ouvrant leurs portes au public ces samedi 4 et dimanche 5 juin.

Si la mosquée Al Khalil, située entre le Canal et la Gare de l’Ouest, organise ce type d’événement depuis une dizaine d’années, une participation aussi massive des 24 mosquées molenbeekoises à ces journées portes ouvertes est inédite.

L’explication est très simple : les lieux de culte musulmans suscitent, depuis les attentats de Paris et Bruxelles, de plus en plus de fantasmes chez un certain nombre de Bruxellois. Ce week-end, qui est organisé à l’initiative de l’échevine Sarah Turine (Écolo), vise donc à permettre à ceux qui le souhaitent de voir l’intérieur d’une mosquée et de discuter avec ses responsables.

Ce samedi après-midi, la trentaine de visiteurs présent ont assisté à la prière des fidèles, puis à un petit speech d’un imam de Verviers qui a expliqué sa vision de l’islam, avant de participer à des ateliers thématiques, notamment sur l’islamophobie. L’après-midi s’est ensuite achevée par une dégustation de pâtisseries orientales, de thé à la menthe et de couscous.

De son côté, Mohamed Laroussi, le directeur général de la mosquée, a assuré que les curieux étaient les bienvenus le reste de l’année. "Les personnes peuvent toujours venir aux heures de prière. La mosquée reste un lieu public." , a expliqué le responsable. "Nous organisons en tout cas ces journées portes ouvertes chaque année" , a-t-il ensuite ajouté.

Si l’ambiance était détendue ce samedi après-midi, force était de constater qu’avec une trentaine de visiteurs présents, ce n’était pas la grande foule. "On n’a peut-être pas assez communiqué et puis de nombreux événements ont lieu aujourd’hui" , tente un bénévole de la mosquée.

Si les lieux de culte molenbeekois suscitent parfois certains fantasmes, peu de curieux semblaient s’être déplacés ce samedi pour tenter de dissiper leurs doutes.

"Être musulman, c’est être en harmonie avec son environnement"

Que veut dire Islam ? Voilà une question qui peut paraître très simple mais à laquelle peu de personnes ont osé répondre en public, ce samedi après-midi, lors de la journée portes ouvertes de la Mosquée Al Khalil. Durant 20 minutes, Franck Hensch, l’imam de la mosquée Assahaba, située à Verviers, a tenté d’expliquer sa vision de l’Islam aux visiteurs. "Il y a deux significations possibles au mot Islam. D’une part, cela peut vouloir dire s’en remettre à Dieu, et d’autre part, cela peut désigner le fait d’atteindre la paix, l’harmonie. Tout ce qui est en harmonie avec son environnement peut être désigné comme musulman. Un lapin ou même la terre peuvent ainsi être considérés comme musulmans" , a insisté Franck Hensch. "Il s’agit toujours d’un idéal à suivre, personne n’est parfait, donc il n’y a pas de musulman parfait. Il faut en tout cas tenter d’être le plus en phase avec son environnement. C’est un état d’esprit. Finalement, de nombreux non musulmans s’avèrent plus musulmans que certains dits de confession musulmane" , a assuré l’imam de Verviers. "Pour en revenir au lapin. Imaginons que ce lapin a fumé des joints et se décide à sauter d’une falaise en se disant qu’il va voler avec ses oreilles. Cela ne fonctionnera évidemment pas et il s’écrasera. Ce lapin ne sera plus musulman, car il n’était plus en harmonie avec son environnement" , a-t-il indiqué.


Plus d’infos : www.culture1080cultuur.be

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