Allemagne: Joachim Gauck renonce à un deuxième mandat

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AllemagneJoachim Gauck renonce à un deuxième mandat

Le président allemand a annoncé lundi qu'il ne briguerait pas de deuxième mandat en février prochain.

Joachim Gauck est très populaire.

Joachim Gauck est très populaire.

AFP/Tobias Schwarz

«Je veux vous informer que je me suis décidé à ne pas être candidat une nouvelle fois à la fonction de président», a lundi dit le populaire chef de l'État, 76 ans, arguant de son âge avancé. Première personnalité issue de l'ancien État communiste à occuper la fonction dans le pays réunifié, il se retire malgré sa popularité incontestable. Avec son élection en mars 2012, M. Gauck, sans allégeance partisane, a d'abord placé au cœur de son action à l'étranger une quête du pardon pour les massacres des nazis en France, à Oradour-sur-Glane, dans le village tchèque de Lidice ou encore en Grèce.

Né en janvier 1940, à Rostock, un port sur la Baltique, il a connu le IIIe Reich puis l'occupation de son pays par les Soviétiques, qui envoyèrent en Sibérie entre 1951 et 1955 son père, ex-capitaine dans l'armée qui fut membre du parti national-socialiste. Comme dans beaucoup de familles allemandes, les parents du jeune Gauck ont gardé le silence sur les atrocités du régime d'Hitler.

M. Gauck clame lui haut et fort que le IIIe Reich «a voulu détruire (...) toutes les valeurs universelles». Mais il a aussi jugé dans un discours marquant en 2014 que le temps était venu pour l'Allemagne, devenue modèle démocratique, d'assumer ses responsabilités à l'international. «La République Fédérale, en bon partenaire, doit s'engager plus vite, de manière plus décisive et substantielle» même lorsqu'il s'agit de déployer son armée, a-t-il lancé alors que les résistances dans l'opinion restent fortes du fait du passé militariste de l'Allemagne.

«Va-t-en guerre»

Fervent défenseur des libertés, l'ancien pasteur n'est pas étranger aux sorties peu diplomatiques, dénonçant par exemple la Russie de Vladimir Poutine, dont «l'appétit grandit» avec ses conquêtes. Ces propos lui valurent des accusations de «va-t-en guerre» en Allemagne. En 2015, sa reconnaissance du génocide arménien par l'Empire ottoman lui attira les foudres du président turc Recep Tayyip Erdogan et ouvrit la voie à un vote en ce sens, le 2 juin, des députés allemands, qui a déclenché une crise diplomatique avec Ankara.

Sur un autre thème délicat, la crise migratoire, M. Gauck a aussi marqué ses concitoyens, d'abord en dénonçant l'existence d'une partie «sombre» de l'Allemagne responsable d'attaques xénophobes, puis en mettant en garde contre un accueil trop généreux des migrants à l'heure où Angela Merkel leur ouvrait grand les frontières. «Nous avons un grand cœur mais nos capacités sont limitées», déclarait-il au pic de l'afflux qui verra l'arrivée de 1,1 million de demandeurs d'asile.

(L'essentiel/AFP)

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