La dépression en héritage

Les enfants de parents déprimés ont trois fois plus de risques de souffrir du même problème, et les récidives tardives sont toujours à redouter.

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Le risque de dépression sévère est « approximativement trois fois plus important » chez les sujets à risque familial élevé (photo d'illustration).
Le risque de dépression sévère est « approximativement trois fois plus important » chez les sujets à risque familial élevé (photo d'illustration). © DURAND FLORENCE/SIPA

Temps de lecture : 3 min

En cette période plutôt morose, les derniers résultats de travaux sur les troubles dépressifs repris par le Journal international de médecine (JIM) n'ont rien de bien engageant. En effet, ils confirment le fait que les enfants de parents déprimés risquent plus que les autres d'avoir le moral en berne. Qui plus est, des récidives tardives – vers la quarantaine – sont à redouter. Tels sont les enseignements de trois enquêtes successives, publiées dans les Archives of General Psychiatry en 1957 puis dans l'American Journal of Psychiatry en 2006 et en 2016.

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L'étude, réalisée aux États-Unis, portait sur le devenir de 103 enfants de parents « modérément à sévèrement déprimés », par rapport à celui de 44 enfants de parents non déprimés (issus d'une communauté avec le même profil sociologique). Elle a permis de comparer ces deux populations pendant trois décennies (âge moyen : environ 47 ans en fin d'étude). Le JIM souligne que, « pour ne pas être influencés dans leurs évaluations cliniques, les praticiens examinant ces enfants restaient dans l'ignorance du statut des parents (déprimés ou non) plusieurs années auparavant ». Ce qui donne du poids à leurs conclusions.

Résultat : le risque de dépression sévère est « approximativement trois fois plus important » chez les sujets à risque familial élevé. Et c'est entre 15 et 25 ans que les troubles se manifestent le plus souvent. Ils sont plus rares avant la puberté, mais quand même « plus de dix fois » plus marqués chez les jeunes du groupe à risque familial élevé, et ils contribuent « largement » à l'augmentation des taux de dépression et de récidives tardives. « Et, même vers la quarantaine, les sujets à haut risque dépressif familial continuent d'éprouver plus de difficultés d'ordre psychopathologique et de recevoir plus de médicaments pour des problèmes émotionnels », peut-on lire. À l'heure d'une « médecine personnalisée », concluent les auteurs, et dans l'attente d'une meilleure compréhension des facteurs de risques biologiques, une simple évaluation des antécédents psychopathologiques familiaux peut constituer un « critère prédictif pour repérer les sujets à risque (dépressif) durable ».

Soutien technologique

Un autre travail, publié dans The Lancet Psychiatry, apporte une note un peu plus optimiste. Le Pr Chris Salisbury, de l'université de Bristol (Royaume-Uni), et ses collègues viennent, en effet, de montrer qu'un programme d'accompagnement utilisant les technologies de l'information et la communication (TIC) permet d'améliorer la prise en charge de patients atteints de dépression, à la fois en favorisant leur capacité d'autogestion et leur réponse au traitement. En d'autres termes, l'efficacité du soutien téléphonique, de la messagerie électronique, des sites internet et désormais des applications mobiles est donc avérée.

En pratique, après une évaluation initiale et la fixation d'un objectif thérapeutique par téléphone, des conseillers (spécifiquement formés) devaient appeler les patients à six reprises sur quatre mois et pouvaient rappeler jusqu'à trois fois supplémentaires à deux mois d'intervalle pour apporter un renfort et détecter les éventuelles rechutes. Ils les encourageaient à utiliser différents outils d'aide à la prise en charge, des sites internet d'information, des programmes interactifs, des applications mobiles, ainsi qu'à suivre leur traitement, à avoir un mode de vie plus sain... Pour les auteurs, même si le bénéfice clinique reste limité, le nombre important de patients candidats et les résultats obtenus justifient de développer un tel programme de télésanté.

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Commentaire (1)

  • greenpogney

    Cela pourrait être avéré. Siddhartha Mukherjee est convaincu qu'il y a un héritage génétique familial de la maladie mentale. Mais il craint que les recherches scientifiques ne puissent changer les données du génome humain. « Siddhartha Mukherjee est un médecin et chercheur dans le domaine de l'oncologie. Il est l'auteur du livre L'Empereur de toutes les maladies. Une biographie du cancer. Il a reçu le prix Pulitzer de l'essai pour cet ouvrage, en 2010. »