Foot For Freedom, du foot pour lutter contre les préjugés

Ville de Paris - 07/06/2016 12:05:00


En marge de l'Euro du 3 au 10 juin, l'association les Dégommeuses invite 9 activistes ayant trouvé refuge en Europe à participer à un tournoi de foot à Paris. Ils ont quitté leur pays, persécuté.e.s en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre et viennent de Lybie, du Zimbabwe, de Zambie, du Kenya, d'Ouganda ou du Malawi. En 2016, l'homosexualité reste en effet pénalisée , voire criminalisée, dans près de 80 pays sur 193.


Une semaine de foot, ciné et débats pour dépasser les frontières

Marine, qui s'occupe de la communication des membre de l'équipe des Dégommeuses, revient sur la genèse du projet: "En 2012, nous avions monté le projet Foot For Love et invité une délégation de footballeuses et militantes lesbiennes sud-africaines. Nous voulions éveiller l'attention du public à la question des violences lesbophobes et insister sur les possibilités d'émancipation que procure le sport afin de se soutenir et se renforcer mutuellement".
Elle poursuit: "'l'Euro de foot est très médiatique et le sujet des réfugiés d'actualité. Foot For Freedom en est un peu la continuité et agrège ces thématiques. Un projet qui a aussi été rendu possible grâce à des subventions publiques et de la FARE (le football contre le racisme en Europe), ce qui a permis d'acheter les billets d'avion, de réserver les logements, ...".

Au programme de cette semaine, un tournoi où chaque équipe compte une des réfugié.es invité.e.s lors de l'événement, mais aussi du théâtre, des débats, des rencontres. Une soirée ciné-débat au Luminor, cinéma indépendant d'Art et Essai du 4e arrondissement, est organisée en présence de la marraine de l'édition, Kasha Nabagesera. Cette activiste ougandaise a reçu le "Right Livelihood award" (Prix Nobel alternatif) en 2015, « pour son courage et sa persévérance, en dépit de la violence et l'intimidation, à assurer le droit des personnes LGBT à une vie exempte de préjugés et de persécutions".

Les Dégommeuses

Marine résume: "Créé en 2012, nous sommes une équipe de foot et une association engagée, féministe, qui a pour ambition d'utiliser le foot comme levier dans la lutte contre le sexisme et les LGBT-phobies et plus généralement toutes les discriminations et y a du boulot!... Les Dégommeuses jouaient déjà au foot et étaient pour la plupart militantes. "Nous avons recréé un espace sécurisé pour les LGBT. L'Adhésion est de 20 euros à l'année mais une caisse de solidarité existe pour ceux qui ne peuvent s'en acquitter".

"Il y a 80 personnes dans l'association, une cinquantaine qui jouent, certaines ne jouent pas mais sont bottés par le projet. Ce qui est bien c'est que chacune a des compétences et nous sommes complémentaires. L'association s'interroge à la fois sur le sexisme et l'homophobie: "il y a un enjeu de territoires. Déjà en tant que femmes, il n'est pas facile de prendre sa place mais en tant que lesbienne et trans, c'est encore plus difficile, il faut se battre!". Afin de sensibiliser l'opinion, l'association va à la rencontre du public, joue en prison, dans le cadre du Sidaction ou dans des écoles , dernièrement à Maurice Ravel, organisent des matchs de futsal (football en salle).

Vers plus d'égalité et de respect

Les Dégommeuses sont en lien avec d'autres associations, notamment l'ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des Personnes Homosexuelles et Transsexuelles à l'Immigration et au Séjour) et le collectif "les lesbiennes dépassent les frontières", ce qui permet d'avoir des réfugié.e.s dans leur équipe tout au long de l'année. Savoir par la suite qu'elles ont pu obtenir leurs papiers est très encourageant. L'association a remporté le 4 mai dernier, le Trophée "Femmes en sport" de la Mairie de Paris pour leur aide aux femmes réfugiées, une belle reconnaissance.

"A chaque fois que tu t'adresses à une minorité", explique Marine, "on te traite de communautariste. Mais il faut bien reconnaître que certaines personnes ont des spécificités et qu'elles ont besoin de s'organiser et se soutenir entre elles". Elle poursuit avec lucidité:" le constat c'est que si tu ne prends pas ta place, personne ne te la donnera. Le foot en est la métaphore, on investit l'espace sur le terrain et ce sport est un vecteur incroyable de mixité sociale. De même notre but est de donner de le visibilité à nos combats et nos identités ; pour cela nous travaillons aussi à prendre l'espace dans les champs politique et médiatique". Un combat loin d'être terminé, que cette directrice de communication dans la vie compte bien continuer à mener avec passion au sein de son association. Comme mentionné sur son sweatshirt, lutter contre le sexisme et l'homophobie, c'est "Bad Ass", il faut être "dur à cuire". On leur fait confiance pour la suite!