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La plage de Copacabana transformée pour dénoncer la culture du viol au Brésil (Photos)

par Laure Gautherin ,
La plage de Copacabana transformée pour dénoncer la culture du viol au Brésil (Photos)© Getty
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Le viol d'une adolescente par une trentaine d'hommes a suscité l'indignation dans tout le pays et une ONG brésilienne a décidé d'investir l'une des plages les plus célèbres de Rio pour alerter le public sur ce fléau et la culpabilisation des victimes.

Cette intolérable affaire avait soulevé une vague de colère au Brésil mais aussi dans le reste du monde. Le 21 mai dernier, Mina, 16 ans, a été droguée, frappée et violée par un groupe de 33 hommes dans une favela à l'ouest de Rio de Janeiro. Ses agresseurs avaient publié des vidéos attestant de leur odieux crime et malgré les avis de recherche de la police, la majorité d'entre eux n'ont toujours pas été arrêtés. Le sort de cette adolescente avait certes indigné mais c'est également les commentaires qui ont pu l'accompagner qui ont provoqué l'ire d'une grande partie du peuple.
En effet, les images montrant ses bourreaux se vantant de leur forfait avaient été partagées par des internautes les félicitant d'avoir abusé de cette jeune fille qui "l'avait bien cherché", "mérité", tandis que même après la médiatisation de cette agression collectif et sa condamnation par le public, d'autres avaient de nouveau insisté sur sa soi-disant attitude de "fille facile", ses tenues et autres arguments censés justifier la violence dont elle a été victime. Des propos nauséabonds qui n'ont malheureusement fait que concrétiser un fléau déjà pointé du doigt par les associations de défenses des droits des femmes : une culture du viol décomplexée et grandissante.

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Alors qu'il y a deux ans encore, un sondage révélait que pour 65,1% de la population, les femmes en tenues trop osées méritent d'être agressées sexuellement, l'ONG Rio de Paz qui lutte contre le viol et les violences faites aux femmes a décidé d'agir et d'interpeller l'opinion et le gouvernement à travers un expo choc présentée sur l'un des lieux les plus fréquentés de la ville. Sur la plage de Copacabana, des centaines de petites culottes rouges et blanches, tâchées de faux sang, ont ainsi recouvert le sable tandis que des panneaux géants montrant des visages de femmes, une main rouge plaquée sur leur bouche, symbolisant le silence contraint des victimes qui n'osent parler de peur d'être insultées, par des inconnus, voire même la police, ont été plantés.

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Une expo choc contre la culture du viol au Brésil © Getty
Une expo choc contre la culture du viol au Brésil
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"Nous ne pouvons tolérer les violences faites aux femmes", martèle l'organisation sur sa page Facebook. Elle explique notamment que le nombre de sous-vêtements déposés sur la plage n'a pas été choisi au hasard. Il y en a 420, soit le nombre de femmes violées tous les 3 jours au Brésil. Les portraits, quant à eux, ont été immortalisés par le photographe Marcio Freitas et font partie d'une série intitulés "Je ne me tairai jamais".

​L'initiative fait le buzz sur la Toile pendant que, sur Twitter, les hashtags #EstuproNuncaMais (plus jamais de viol) and #EstuproNaoTemJustificativa (rien ne justifie un viol), lancés suite à l'affaire, continuent à faire grand bruit sur les réseaux sociaux. Face à la colère du peuple, le Président par intérim, Michel Temer, a annoncé sa volonté de créer un département de la police fédérale spécialisé dans les violences faites aux femmes. Une démarche insuffisante pour certains qui jugent préférable de prévenir plutôt que guérir.

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A lire aussi : La percutante lettre d'une victime à son violeur épargné par la justice

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Laure Gautherin
Laure est journaliste et monteuse vidéo. Sa spécialité ? Ecrire sur la parentalité qui n'a plus de secrets pour elle et partager avec vous des décryptages et des avis d'experts. Laure …
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