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INTERNET

Google : la fausse polémique derrière les images de “trois adolescents noirs”

Une recherche sur Google Images portant sur "trois adolescents noirs" donne des résultats beaucoup moins flatteurs qu’une requête pour des photos de "trois adolescents blancs". Des internautes crient à l’algorithme raciste. À tort.

Les premiers résultats pour une recherche "trois adolescents noirs" sur Google Images sont des photos d'identité judiciaire.
Les premiers résultats pour une recherche "trois adolescents noirs" sur Google Images sont des photos d'identité judiciaire. Studio France 24
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Sur Google Images, une simple recherche “three black teenagers” (trois adolescents noirs) permet de constater l’étendue des dégâts. La plupart des photos trouvées montrent des photos d’identité judiciaire, alors qu’une même requête pour “three white teenagers” (trois adolescents blancs) affiche essentiellement des images de jeunes tout sourire et détendus.

Ce décalage a propulsé “three black teenagers” en tête des recherches sur Google, jeudi 9 juin, aux États-Unis entraînant une levée de boucliers sur Internet contre la discrimination rampante dans les médias outre-Atlantique, a constaté le quotidien britannique “The Guardian”.

La polémique a éclaté à la suite d'une vidéo qu’un internaute américain de Virginie a postée sur Twitter le 7 juin. Il y effectue, en direct sur son téléphone, les deux requêtes et s’esclaffe en constatant la différence entre les résultats. Succès garanti : le clip a été retweeté plus de 61 000 fois.

Depuis, les messages sur multiplient sur le site de microblogging demandant à Google de s’expliquer et accusant son algorithme de racisme. Ce n’est pas la première fois que le géant américain se retrouve mis en cause en raison de résultats pour le moins étonnants de ses services. La multinationale avait déjà présenté ses excuses en juillet 2015 lorsque son algorithme de reconnaissance faciale avait pris deux Noirs sur une photo pour... des gorilles.

L’algorithme n’y est pour rien

Mais cette fois-ci, Google n’aura probablement pas à s’excuser. Son algorithme n’y est, en effet, pour rien, comme l’explique sur Youtube, le Britannique Antoine Allen qui tient par ailleurs un blog traitant essentiellement des minorités. Il avait déjà noté cette différence de résultats en avril 2016, lorsque la polémique n’était pas encore à son zénith médiatique. Son constat - il faut y regarder de plus près avant de brandir l'argument du racisme - est simple à vérifier sur Google Images : les photos d’adolescents blancs sont toutes, ou presque, issues de collections d’images d’agences, utilisées pour des publicités ou des sites Internet. En clair, les publicitaires et créateurs de sites préfèrent mettre en avant “trois adolescents blancs”, censés être plus représentatifs du public visé. C’est pourquoi ces images apparaissent tout en haut des résultats.

Comme “les agences sont moins enclines à acheter des photos de jeunes mannequins noirs, ce sont dans le cas des adolescents noirs des illustrations pour des articles d’actualités qui remontent dans les résultats”, explique Antoine Allen. Conséquence logique : la popularité des faits divers aidant, les comptes rendus d’affaires pénales illustrés par des photos d’identité judiciaires se hissent tout en haut des résultats pour cette recherche précise.

Rien ne sert donc d’accuser Google ou son algorithme de racisme. Cette polémique illustre, en revanche, la persistance d’une discrimination publicitaire à l’égard du public noir aux États-Unis. Elle démontre aussi que les articles les plus populaires sur Google (donc les plus recherchés) évoquent le sort de “trois adolescents noirs” de manière négative. Le problème vient donc moins de l'algorithme que de ce qui intéresse le public américain sur Internet lorsqu’il s’agit de parler de la communauté afro-américaine.

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