Menu
Libération
So British

Les taxis londoniens de sortie dans l'Union européenne

Le fabricant des «black cab» souhaite imposer son dernier modèle électrique sur le continent : sa tournée commerciale sur le continent est passée par Paris jeudi.
par Richard Poirot
publié le 10 juin 2016 à 12h55

Il fut un temps, avant la Première Guerre mondiale, où les taxis londoniens étaient surtout de marques françaises. A l'image du Prunel, premier cab doté d'un moteur thermique à rouler dans la capitale londonienne. Un siècle plus tard, l'Anglais Peter Johansen se verrait bien rendre la pareille. Le PDG de la London Taxi Company (LTC) entame une offensive commerciale sur le continent européen pour vendre ses taxis noirs, une tournée qui passait jeudi par Paris.

LTC est venu présenter son dernier modèle, encore à l'état de prototype. De l'extérieur, rien de surprenant. Il ressemble au FX4, deuxième génération du «black cab» – la plus célèbre – vendue à 75 000 exemplaires et fabriqué pendant près de quarante ans. Il conserve cet aspect massif et haut, sa bouille ronde, ses strapontins positionnés dos à la route, ses portes qui s'ouvrent en opposition et un vaste espace intérieur pour accueillir 6 personnes (contre 5 dans la version précédente) ou même un fauteuil roulant – critère obligatoire à Londres pour tous les taxis.

Le changement en revanche est sous le capot : exit le gros diesel, LTC propose désormais une motorisation électrique. Ou plutôt un «véhicule à capacité zéro émission» ; un petit moteur thermique vient prendre le relais en cas de course longue (vers les aéroports par exemple) pour recharger la batterie. Le détail des caractéristiques n'a pas encore été dévoilé, mais la compagnie promet une autonomie électrique suffisante pour une journée de travail.

Contacts avec G7 et Taxis Bleus

Le véhicule sera commercialisé au cours du dernier trimestre 2017 au Royaume-Uni, et début 2018 en Europe continentale, a précisé Peter Johansen. «Nous sommes en contact avec G7 et les Taxis bleus, et aussi avec d'autres sociétés de transport», a déclaré le PDG, de façon évasive. La compagnie anglaise espère convaincre des entreprises françaises, taxis ou VTC, d'investir dans son nouveau modèle. En jouant sur la spécificité du produit et en avançant l'argument brandi par tous les fabricants de voitures électriques : «Le coût à l'usage, en raison du faible prix de l'électricité, sera bien en dessous d'une Mercedes E ou d'une Skoda Octavia, et d'une voiture à moteur thermique de manière générale.»

La bascule vers l'électrique était de toute façon une obligation pour LTC, qui ne construit que des taxis. Or, à partir de 2018, les nouvelles licences londoniennes seront uniquement accordées aux taxis rechargeables. L'objectif est d'introduire dans la circulation 9 000 taxis à très faibles émissions d'ici 2020. Impossible pour la société de se priver de son premier marché. Le chinois Geely, qui a racheté LTC en 2013 – pour pas grand-chose, le constructeur était au bord du dépôt de bilan – a donc investi 381 millions d'euros pour transformer la gamme. Et une nouvelle usine est en construction dans le berceau historique de Coventry, au Royaume-Uni. Là où, juste après la Seconde Guerre mondiale, naquit le FX3, premier black cab d'une lignée so british.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique