L’indonésien langue facile ?
** Solenn Honorine, Indonésie – Histoire société culture, ed. La Découverte, 2013, p.66
Une écriture romanisée
** Scott Paauw, One Land, One Nation, One Language: An Analysis of Indonesia’s National Language Policy, University of Rochester Working Papers in the Language Sciences, 5(1) (2009)
Le faux argument du contexte
Un premier est le mot « lecture » : nous ne savons pas s’il s’agit de l’acte de lire, par exemple dans « la lecture de romans policiers », ou de ce que l’on lit, par exemple dans « des romans policiers comme seule lectures ». Or le système d’affixes de l’indonésien distingue les deux sens du mot français : sur la base baca, « lire », on forme ainsi pembacaan, « acte de lire », par application du circonfixe pe- -an (avec la règle du sandhi – modification ou assimilation phonétique – qui transforme le « b » initial de baca en « mb » après le préfixe pe-), et bacaan, « chose qu’on lit », par application du suffixe -an.
Un deuxième exemple est la voix passive d’un verbe. Si on dit « Il a été renversé par une voiture », nous ne savons pas s’il s’agit d’un accident ou d’un crime. L’indonésien a deux formes de passif. Si quelqu’un dit « Dia ketabrak mobil », qui est une traduction en indonésien de l’énoncé ci-dessus, le préfixe ke-, qui marque le passif sans agent (il s’agit ici du préfixe « informel », le préfixe formel étant ter-), indique que c’était un acte involontaire de la part du conducteur. Mais si cette personne dit « Dia ditabrak mobil », le préfixe di-, qui marque le passif avec agent, indique clairement que le conducteur a volontairement dirigé sa voiture contre la victime.
La subtile expression des temps
Parmi les autres aspects qu’exprime l’indonésien, on trouve notamment l’accompli proche, le procès en cours simple, et le procès en cours qui va s’achever. Parler indonésien, c’est marquer l’aspect verbal, faute de quoi le discours est défectueux. Par exemple, l’énoncé « Ma petite sœur est à Paris » peut se traduire de trois manières différentes en indonésien :
Nous avons là encore un exemple où l’indonésien décrit précisément la situation, alors qu’en français, le contexte est important pour comprendre plus précisément l’énoncé.
Une autre caractéristique de l’indonésien est la notion de thème. L’indonésien met en effet facilement en valeur, par différents moyens grammaticaux, un des éléments de la phrase : ce peut être l’agent de l’action, l’action elle-même, l’objet de l’action, son bénéficiaire là où en français, le contexte sera nécessaire pour comprendre ce qui est mis en valeur dans l’énoncé. Un des moyens grammaticaux pour indiquer le thème est l’ »agencement de la phrase » dont parle Assimil.
Pluriel et réduplication
Nous ne pouvons qu’en donner quelques exemples :
Registres et niveaux de langue
D’une langue aux relents coloniaux à une langue d’élite
**Le malais est la langue des populations de la côte orientale de Sumatra, de la péninsule de Malacca et de la plus grande partie du littoral de Bornéo.
**Romain Bertrand, Etat colonial, noblesse et nationalisme à Java : la tradition parfaite (2005), p. 608
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