Face à un auditoire serré, composé en majorité de Français expatriés, ses premiers mots ont été pour remercier ses hôtes russes. « Je remercie Vladimir Poutine d’avoir financé ma visite car j’ai été invité et même très bien invité », a lancé Alain Soral lors d’une conférence dont il était l’unique orateur, vendredi 10 juin, à la bibliothèque Dostoïevski de Moscou. Trois jours auparavant, le polémiste d’extrême droite, aux obsessions antisémites notoires et à l’antiaméricanisme chevillé au corps, assistait au forum « Nouvelle ère du journalisme : l’adieu au mainstream » organisée par Rossia Segodnia, la principale agence russe pro-pouvoir.
Ravi d’avoir été « invité officiellement par le gouvernement à ce forum des médias non alignés », comme il l’a répété, Alain Soral a écouté le président russe critiquer « les autorités qui protègent les informations qu’elles aiment, puis rejettent – tout en citant la liberté de la presse et de l’information – ce qu’elles n’aiment pas comme de la propagande ». L’ami de Dieudonné, fondateur de l’association et du site Internet Egalité et réconciliation, n’a toutefois pas été invité à la tribune réservée, le 7 juin, à quelques représentants de médias étrangers, dont le rédacteur en chef de l’agence syrienne SANA. Qu’importe : pour sa première visite en Russie, Alain Soral a bénéficié du soutien d’Alexandre Douguine, qui a ses entrées au Kremlin.
Le FN, « seule alternative raisonnable »
L’idéologue nationaliste russe, chantre de l’eurasisme, a mis à la disposition du Français ses réseaux et assuré sa promotion sur la Toile. Les deux hommes, qui ont participé à une conférence commune au Brésil en septembre 2014, se connaissent bien. Vendredi soir, Alexandre Douguine ne s’est pas montré mais sa fille était présente, ses partisans aussi, pour écouter M. Soral développer ses thèses conspirationnistes et dénoncer « l’effondrement de la France », victime selon lui, en mai 1968, de la « première révolution de couleur de l’ère moderne » fomentée par « l’impérialisme américain » et ses relais « judéo-franc-maçonniques ».
« Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, la seule alternative pour échapper à l’hyperpuissance militaire et financière américaine, c’est la Russie de Vladimir Poutine, [qui] peut être la locomotive de la multipolarité. » « Poutine est un modèle à suivre, il nous faut un Poutine français ! », s’est enflammé l’orateur. A ce public d’expatriés conquis, Alain Soral a donné ses consignes de vote pour l’élection présidentielle de 2017 : « Le seul parti en France qui représente une alternative raisonnable, c’est le FN. » Le polémiste, ex-adhérent qui a pris ses distances en 2009, n’a cependant pas manqué d’assortir cette recommandation d’une mise en garde : « C’est le moins pire des votes car, malheureusement, Marine Le Pen donne des signes de soumission au CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France]. »
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