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Reportage

EE-LV : David Cormand prend la tête d'un parti écologiste dans le rouge

A un an de l'élection présidentielle, le chef par intérim est confirmé à son poste. Son parti doute de la direction à prendre, et des candidats à désigner.
par Rachid Laïreche, à Pantin
publié le 11 juin 2016 à 19h12
(mis à jour le 11 juin 2016 à 19h59)

Dans une petite rue, près de l’église de Pantin, David Cormand tire sur sa clope. Le monde s’agite autour de lui. Des discussions. Des colères. Lui, il reste calme et attend son heure. Ce samedi, il est favori, lors du congrès EE-LV, pour prendre la tête du parti. Il était chef par intérim depuis le départ d’Emmanuelle Cosse au gouvernement.

Le suspens, malgré les rumeurs, ne s’étend pas. La partie est pliée avant l’heure du déjeuner. Après des tractations, type les puces de Clignancourt, David Cormand est élu avec un peu de 60 % des voix. On note les nominations de Alain Coulombel au projet, à la prospective et à la coordination. Comprendre, donner un nouveau visage à EE-LV qui compte ses blessures. De son côté, Sandrine Rousseau, opposée à Cormand avant de faire marche arrière, prend en main les relations extérieures.

Lire notre portrait de David CormandDavid Cormand, un dernier Vert

L’après-midi débute et les écolos discutent : 2017 est dans les têtes et personne ne trouve le chemin. Les âmes attendent un geste de Nicolas Hulot, silencieux depuis sa Bretagne, pour prendre ses patins et régler cette histoire de présidentielle qui irrite les militants. Et si Hulot refuse de postuler à l’Elysée ? Certains votent Duflot. D’autres votent primaire. Et la nouvelle direction se tire déjà les cheveux.

«On a l’obligation d’être moins égoïste et de s’ouvrir au monde»

Ici, à Pantin, deux choses mettent d'accord les écolos. La première, le Parti Socialiste. C'est terminé les accords: chacun sa route, chacun son chemin. A la tribune, David Cormand confirme : «Le projet d'écologie politique n'est pas compatible avec la ligne du gouvernement.» 

La seconde, c'est «la fin de cycle». Ces dernières années, les défaites électorales se sont mélangés aux crises des égos. Une écolo de l'ouest de la France : «Avec les départs de Placé, De Rugy et les autres on pensait être tranquille mais ça continue les petites bisbilles internes. J'espère que tout le parti va se remettre en question. Sinon, c'est la fin pour le parti : on a l'obligation d'être moins égoïste et de s'ouvrir au monde», dit-elle avec des étoiles dans les yeux.

«On continue avec une équipe qui perd depuis des années»

Le monsieur prospective du parti, Alain Coulombel confirme. Il nous explique avec un air très tranquille que «le parti est devenu un tout petit truc, les gens n'ont plus confiance en notre parti et ça doit changer. Mais l'affaire ne se réglera pas du jour au lendemain, il va nous falloir un peu de temps». Il répète a plusieurs reprises le mot «réinventer». Pas suffisant pour certains, à l'image de la députée européenne Karima Delli qui «veut sauver la planète». Elle n'est pas contente. «Cette nouvelle direction est un ravalement de façade. On continue avec une équipe qui perd depuis des années et qui nous a conduit dans le mur.»

En milieu d’après-midi, elle répète ses attaques à la tribune sous les applaudissements de ses supporters. Karima Delli a en ligne de mire Cécile Duflot qui, elle, a décidé de se mettre un peu en retrait. Elle n’a pas participé aux tractations du congrès. Duflot est arrivée, à Pantin, en fin de journée sous les flashs pour mater le premier discours de David Cormand avec sa couronne. Un titre qui pèse lourd dans le contexte actuel.

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