Hani Ramadan : "Une femme sans voile [...] passe d'une main à l'autre"

Invité à s'exprimer dans une école à Genève, le directeur du Centre islamique provoque un nouveau scandale en stigmatisant les femmes non voilées.

De notre correspondant à Genève,

Le directeur du Centre islamique de Genève, Hani Ramadan.
Le directeur du Centre islamique de Genève, Hani Ramadan. © AFP

Temps de lecture : 3 min

L'idée relevait d'une bonne intention. Les derniers chiffres montrent que les actes de racisme ou de discrimination à l'égard des musulmans ont bondi en Suisse depuis l'année dernière. Une enseignante d'une école genevoise a pris l'initiative d'inviter dans sa classe le responsable d'une mosquée pour parler d'islamophobie. Le choix, en revanche, est plus discutable. Elle s'est adressée à Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève et frère aîné de Tariq Ramadan.

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Le prédicateur, régulièrement pointé du doigt pour ses prises de position, a commencé par comparer les femmes voilées à des perles protégées dans des coquillages. En revanche, pour lui, « la femme sans voile est comme une pièce de deux euros. Visible par tous, elle passe d'une main à l'autre. » Révélée jeudi par le quotidien Le Temps et par la télévision Léman bleu, l'affaire est aussitôt montée jusqu'au département de l'Instruction publique (DIP), qui estime que « les positions publiques de monsieur Ramadan sont incompatibles avec les valeurs et la mission de l'école publique ». Hani Ramadan « est une personnalité contestée qu'il n'est évidemment pas recommandé d'inviter en classe pour parler d'enjeux sensibles réclamant dans le contexte actuel de la distance et du sang-froid », ajoute Pierre-André Preti, le porte-parole du DIP dans La Tribune de Genève.

Le sida, une punition divine

L'enseignante, qui n'aurait pas informé sa hiérarchie, a été convoquée pour un « entretien de service » par le DIP. La réaction est d'autant plus violente en Suisse qu'Hani Ramadan, ancien enseignant dans le secondaire, a été licencié de l'Instruction publique en 2003 pour avoir justifié la lapidation. « Parce qu'il s'agit d'une injonction divine, la rigueur de cette loi est éprouvante pour les musulmans eux-mêmes. Elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification », avait écrit le directeur du Centre islamique de Genève dans une tribune publiée dans Le Monde en septembre 2002, un an après les attentats du World Trade Center.

Par ailleurs, le petit-fils d'Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans égyptiens, présentait le sida comme une « punition divine à l'encontre des comportements déviants ». « La personne qui respecte strictement les commandements divins est à l'abri de cette infection », assurait-il. Loin de s'amender, un mois plus tard, en octobre 2002, dans Le Matin dimanche de Lausanne, Hani Ramadan justifiait la peine de mort pour ceux qui osent abandonner l'islam pour embrasser une autre religion. « Dans le monde musulman, délaisser la prière, boire et forniquer sont des crimes pour lesquels la loi a prévu des châtiments », lançait-il.

Les décorés du Thalys ? « Une manipulation »

Le frère de Tariq Ramadan est un habitué de ce genre de déclarations intempestives. En août 2015, il s'en était pris aux décorés du Thalys, considérant qu'il ne s'agissait que d'une manipulation tentant de rehausser le prestige des militaires américains, « passablement amoindri par les agissements d'une armée qui sème la mort à grande échelle depuis des décennies partout où elle se rend ». Et le 9 juin dernier, Hani Ramadan rappelait dans la presse helvétique que le Prophète ne serrait pas la main des femmes et que l'imiter est donc « un signe de respect » vis-à-vis des femmes… « Ce tollé suscité par le refus d'une poignée de main montre bien que le moindre prétexte est bon pour alimenter le processus de l'islamophobie », s'indigne-t-il.

Alors que Tariq Ramadan cherche à présenter une pratique de l'islam plus ouverte au monde moderne, Hani Ramadan n'hésite pas parfois à lui « casser la baraque » en rappelant que les deux frères ne sont, en fait, « que les deux faces d'une même médaille ». D'ailleurs, ne siègent-ils pas ensemble au conseil de direction du Centre islamique de Genève ? Un conseil de direction composé uniquement de membres de la famille Ramadan : Wafa, la veuve de Saïd Ramadan, le fondateur de la mosquée, et ses six enfants.                          

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Commentaires (124)

  • papapaola

    Qui transpire l'intelligence. Tout est bon dans ces réflexions humanistes. Son frère est une "lumière" qui éclaire nos pauvres esprits embrumés. Heureusement que cette famille d'intellectuels vient chez nous pour nous illuminer de son bon sens.
    Bon, maintenant vous mettez tout ça à l'envers...

  • Biglotron

    ... En voyant ces faisans malfaisants osant nous faire la leçon avec de tels arguments sur fond de culpabilisation à propos d'islamophobie !

  • Dupang

    Mais pourquoi cette famille vient-elle se perdre chez les helvètes ?