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Fracture sur la question identitaire entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy

En réponse à l’ex-président, l’ancien premier ministre a écrit, sur son blog, refuser « l’identité malheureuse, frileuse, anxieuse, presque névrotique ».

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Publié le 12 juin 2016 à 20h11, modifié le 13 juin 2016 à 08h32

Temps de Lecture 3 min.

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, le 30 mai 2015, lors du congrès de refondation du parti Les Républicains (LR).

Sans surprise, la question identitaire sera bien un élément sur lequel les candidats à la primaire de la droite ne s’accorderont pas. Quatre jours après un discours du président des Républicains, Nicolas Sarkozy, dans lequel il a été question de la « tyrannie des minorités », du « renoncement des élites » et de la France, un « pays d’églises, de cathédrales, d’abbayes », Alain Juppé a répondu à l’ancien chef de l’Etat sur son blog. « Je refuse d’avoir l’identité malheureuse, frileuse, anxieuse, presque névrotique. Pour moi, identité ne rime pas avec exclusion ni refus de l’autre », écrit le candidat à la primaire dans un long texte où il ne cite jamais son principal rival.

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Mais l’objectif du maire de Bordeaux, qui participait, dimanche 12 juin, au lancement de la nouvelle émission hebdomadaire de TF1, « Vie politique », est clair. Dans une France encore traumatisée par les attentats de 2015, il ne veut pas laisser le terrain de l’identité nationale à M. Sarkozy, tout en marquant sa différence sur cette thématique.

« Je veux faire rimer identité avec diversité et unité : respect de notre diversité, affirmation de notre unité », poursuit M. Juppé, qui développe le concept « d’intégration », alors que M. Sarkozy est sur une ligne « assimilatrice » pour lutter, selon lui, contre la disparition du « mode de vie français ».

« Nous, Français, nous sommes divers, nous n’avons pas les mêmes origines, la même couleur de peau, la même religion ni les mêmes croyances. Cette diversité, qui remonte loin dans le temps, est une richesse, une force. Il ne faut pas chercher à l’effacer en prétendant nous couler tous dans le même moule », développe l’ancien premier ministre, qui sait qu’il n’échappera pas à ce débat pendant la campagne de l’automne.

Un Juppé « déconnecté », selon les sarkozystes

Comme en 2007 et comme en 2012, Nicolas Sarkozy veut rassembler le noyau dur de la droite en incarnant l’idée d’une République qui devrait lutter contre une dilution de « l’identité française ».

Depuis son retour à la vie politique en 2014, l’ancien chef de l’Etat est toujours persuadé que la primaire ne se jouera pas sur les questions économiques, mais sur le sentiment d’être français. Et en privé, ses proches ironisent sur Alain Juppé qui serait « déconnecté de la réalité » en expliquant que la ville de Bordeaux serait à l’abri des questions de communautarisme.

Ces critiques s’appuient souvent sur L’Identité heureuse, un texte écrit par le maire de Bordeaux en 2013 qui le voit se projeter dans une France réconciliée où chacun ne serait pas coupé de ses origines.

Des attaques qui n’ont pas échappé à M. Juppé. « Naïveté, me dira-t-on… Ma longue expérience du terrain me protège de ce risque. Je sais bien que la France dont je rêve n’est pas la France d’aujourd’hui, pas toute la France d’aujourd’hui. Je vois la France qui doute, qui souffre, qui est en colère. Il faut apporter des réponses à ses légitimes attentes », riposte le candidat. Contrairement à M. Sarkozy, l’ancien premier ministre ne veut pas proscrire le voile à l’université, ni interdire des repas de substitution dans les cantines, deux idées souvent défendues dans les meetings de l’ancien président de la République.

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Ce post de blog est aussi l’occasion pour M. Juppé de rappeler les idées qu’il avait déjà exposées dans son livre Pour un Etat fort (Ed. JC Lattès, 250 pages, 12 euros) sorti en janvier.

Pour des prêches en français dans les mosquées

S’il est sur une ligne différente de M. Sarkozy, Alain Juppé n’a pas renoncé à convaincre l’électorat de droite sur cette question, puisqu’il s’inquiète du risque d’une « bascule » de la société dans le communautarisme, « une dérive détestable ».

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Et il tente de répondre aux inquiétudes et à la nostalgie en évoquant l’importance de défendre « ce bien commun (…) le patrimoine qui nous a été transmis, notre culture, notre langue ; ce sont nos racines, chrétiennes bien sûr (qui pourrait en douter sérieusement ?) », écrit-il. Cette semaine, M. Juppé s’est emporté dans un tweet en pensant que La Marseillaise pourrait être chantée en anglais en confondant l’hymne national et la chanson dédiée aux Bleus.

Au sujet de l’islam radical, Alain Juppé répète qu’il veut créer une police pénitentiaire, clarifier la question des lieux de culte et de leur financement, et que les imams de France prêchent en français et soient titulaires d’un diplôme de formation à l’histoire et aux lois de la République.

Une façon, selon lui, de trouver des « accommodements raisonnables » avec l’islam, un concept moqué par M. Sarkozy, mercredi. « La nouvelle idéologie dominante a imprégné bien au-delà des rangs politiques de la gauche. Nombreux furent touchés y compris à droite. Elle a frappé subrepticement en chantant la douce mélodie des accommodements raisonnables” », avait déclaré l’ancien chef de l’Etat.

Sur le terrain de l’identité, la campagne de la primaire est bien lancée.

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