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USA: « La question du terrorisme va dominer la campagne présidentielle »

Le Vif

Le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump semblait déterminé dimanche à exploiter l’attentat d’Orlando pour se forger une image d’homme à poigne, une stratégie qui lui a profité depuis les attentats de Paris.

Donald Trump a annoncé qu’il consacrerait son discours prévu lundi à Manchester dans le New Hampshire au « terrorisme, à l’immigration et la sécurité nationale », alors qu’il avait initialement prévu d’attaquer Hillary Clinton sur ses finances.

Après les attentats de novembre à Paris (130 morts) et celui de San Bernardino en Californie (14 morts), Donald Trump avait proposé d’interdire aux musulmans d’entrer aux Etats-Unis. La déclaration avait coïncidé avec une nouvelle envolée dans les sondages, la grande majorité des sympathisants républicains soutenant l’idée.

Et après les attaques de Bruxelles (32 morts), en mars, il avait relevé que le sujet du terrorisme lui tenait à coeur « car j’en parle plus que n’importe qui. Et c’est probablement la raison pour laquelle je suis premier dans les sondages ».

Son message anxiogène est taillé sur mesure pour un électorat qui se dit « extrêmement » préoccupé par le terrorisme, juste derrière l’économie, selon une enquête CNN en mai.

« La question du terrorisme va dominer la campagne présidentielle dans les prochains mois », dit à l’AFP Tim Malloy, de l’institut de sondages Quinnipiac. Le président Obama a d’ailleurs reporté son premier déplacement avec Hillary Clinton, prévu mercredi.

« Mais le débat va aussi repartir sur les armes à feu: comment ce type s’est-il procuré un fusil d’assaut ? » note-t-il. Or ce terrain est plus favorable aux démocrates, la majorité des Américains étant favorables à un renforcement de la législation.

Selon Quinnipiac, l’ancienne chef de la diplomatie est perçue par les Américains comme bien plus capable de gérer une crise internationale que Donald Trump (53% contre 40%), mais les électeurs sont moins sûrs quand on leur parle de terrorisme et de l’organisation Etat islamique. Sur ce sujet, il fait jeu égal dans certains sondages.

‘Imaginez Donald…’

Sa recette est calquée sur la stratégie républicaine consistant à dénoncer le laxisme supposé de Barack Obama, et à l’étriller pour son refus de parler de menace « islamiste », un terme que le président évite afin de ne pas stigmatiser l’islam.

« Le président Obama refuse de façon éhontée de prononcer les mots +islam radical+. Pour cette seule raison, il devrait démissionner », a-t-il déclaré dans un communiqué, appelant Hillary Clinton à se retirer de la course pour les mêmes raisons.

« Si nous ne devenons pas très rapidement durs et intelligents, nous n’aurons bientôt plus de pays », a-t-il dit.

La fermeté selon Donald Trump consiste à bloquer l’arrivée de réfugiés du Moyen Orient, réautoriser des méthodes de torture comme la simulation de noyade voire cibler les familles de suspects terroristes, comme il l’a suggéré dans une interview. Il a aussi dénoncé le régime strict de détention d’armes en France, affirmant que les tueurs auraient fait moins de victimes si des gens avaient été armés.

Hillary Clinton reste favorite de la présidentielle, mais la crainte des démocrates est qu’un événement extraordinaire rebatte les cartes.

« Tout peut arriver dans les dernières semaines et derniers mois avant l’élection », disait à l’AFP avant Orlando le politologue Norman Ornstein. « S’il y avait un attentat en octobre comme à Paris ? Peut-être que les gens ne voudront pas élire quelqu’un sans expérience politique… mais peut-être qu’ils auront envie d’un homme fort. On ne sait pas ».

Après huit ans passés avec Bill à la Maison Blanche, huit au Sénat et quatre au département d’Etat, Hillary Clinton a prouvé ses galons de femme d’Etat. C’est l’argument qu’elle assène aux électeurs, rappelant qu’elle était dans le secret de l’opération contre Oussama ben Laden.

« Ce n’est pas de la téléréalité, c’est la vraie réalité », a-t-elle dit début juin. « Imaginez Donald Trump dans la Situation Room », a-t-elle ironisé, en parlant de la salle de commandement souterraine de la Maison Blanche.

Son communiqué réagissant au massacre d’Orlando a été ciselé pour la montrer aux faits des complexités du problème. Mais elle a aussi insisté sur le fléau de la violence par armes à feu.

« Les armes de guerre n’ont pas leur place dans nos rues », a-t-elle déclaré.

Ce thème, les démocrates ont clairement dit dimanche qu’ils entendaient en faire un sujet central de la campagne.

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