Ahmed Dabo : « En Gambie, les opposants sont emprisonnés ou disparaissent »

Depuis Dakar, où il vit, Ahmed Dabo souhaite interpeller la communauté internationale sur le sort des opposants gambiens et particulièrement sur celui de son cousin, Ousseynou Darboe, chef du Parti démocratique uni (UDP).

Ahmed Dabo, proche d’Ousseynou Darboe, chef du parti démocratique uni. © DR

Ahmed Dabo, proche d’Ousseynou Darboe, chef du parti démocratique uni. © DR

Publié le 14 juin 2016 Lecture : 2 minutes.

Depuis Dakar, où il vit, Ahmed Dabo souhaite interpeller la communauté internationale sur le sort des opposants gambiens et particulièrement sur celui de son cousin, Ousseynou Darboe, chef du Parti démocratique uni (UDP).

Cet opposant politique, avocat des droits de l’homme, a été arrêté mi-avril. Il avait pris la tête d’une manifestation réclamant des explications sur la mort en détention, quelques jours plus tôt, de Solo Sandeng, un haut responsable du parti.

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Jeune Afrique : Avez-vous des nouvelles d’Ousseynou Darboe ?

Ahmed Dabo : Nous avons très peu d’informations. Les autorités lui refusent toute visite familiale. Nous ne pouvons ni le voir ni lui faire parvenir quoi que ce soit. Seuls ses avocats peuvent lui parler. Son procès, qui a débuté il y a quelques jours, a été plusieurs fois ajourné, car les avocats refusent de plaider tant qu’ils n’auront pas de nouvelles de cinq autres militants du parti, arrêtés eux aussi.

Ousseynou est sur la même ligne, il ne veut pas participer à cette mascarade judiciaire tant que les autres ne sont pas présents. Deux juges se sont également récusés en estimant que ce procès était purement politique.

Ceux qui s’aventurent à s’exprimer librement sont soit emprisonnés, soit poussés à l’exil, quand ils ne disparaissent pas brutalement

Darboe a été arrêté après une manifestation contre le régime de Yahya Jammeh. Que réclame son parti aujourd’hui ?

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Cet homme est au pouvoir depuis 1994 et mène la Gambie à la baguette. Toute opinion discordante est interdite et ceux qui s’aventurent à s’exprimer librement sont soit emprisonnés, soit poussés à l’exil, quand ils ne disparaissent pas brutalement sans qu’on entende plus jamais parler d’eux. Ce que les opposants demandent est simple : que les prochaines élections présidentielles soient libres et transparentes.

Le président Jammeh affirme que l’opposition n’a pas de message politique et qu’elle est simplement « tribaliste ». Que lui répondez-vous ?

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C’est absolument faux. La dimension tribaliste, c’est lui qui l’a ancrée dans le paysage politique. L’opposition, c’est le pays tout entier, uni. Avec à peine 2 millions d’habitants, la Gambie est un petit pays. Jouer sur les différences ethniques ne rimerait à rien. C’est un argument de la dernière chance, de la part d’un président qui a enchaîné les mandats pendant deux décennies sans avoir jamais eu le moindre résultat ni bilan positif à montrer.

La société gambienne est minée par la corruption. La police paie des informateurs qui ont fait de la délation un métier et qui sont parfois prêts à mentir ou à exagérer certains faits afin de gagner plus d’argent. Tout le monde se méfie de tout le monde. Yahya Jammeh est allé trop loin et il est désormais temps de le dénoncer partout et aussi fort que nous le pouvons.

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