Des critères RSE intégrés dans la cotation de la Banque de France
Parce qu’un lien existe entre le niveau d’engagement responsable des entreprises et leurs performances, et, par là, leurs risques de défaut de paiement, la Banque de France a décidé de prendre systématiquement en compte des critères RSE dans ses évaluations.
Par Valerie Landrieu
Un protocole engageant une vingtaine d’ acteurs de l’eco-système autour de l’implication des entreprises dans la démarché RSE a été signé par la Banque de France. L’expérimentation menée dans la région des Pays de Loire depuis près de deux ans, sous la houlette du Centre des Jeunes Dirigeants, d’entrepreneurs locaux, de la Chaire RSE d’Audencia et du monde bancaire _ représentée par la Banque de France et Fédération bancaire française _ a été plus que concluante. Des critères RSE seront désormais intégrés, chaque fois que c'est approprié, au processus de cotation des entreprises de la Banque de France, une analyse qui établit la capacité des entreprises à honorer ses engagements financiers à un horizon de trois ans, et qui s’appuiera donc aussi désormais sur une analyse qualitative des performances. « Des éléments convergents incitent à penser qu'il existe un lien entre la performance économique et les initiatives RSE, en termes de compétitivité », explique Claude Piot, directeur des Entreprises à la Banque de France. La Banque de France a commencé à entamer une réflexion sur l’intégration de tels critères en 2012. « Cette dimension RSE est peu à peu apparue logique à intégrer dans nos analyses qui répondent à l’objectif de prévoir les défaillances et les défauts de paiement », explique ce dernier.
Un écart de 13% en termes de performance économique
Au delà des résultats de l’expérimentation, la démarche de la Banque de France a été confortée en début d’année par un travail de France Stratégie. L’étude cherchait à « apporter des éléments de réponse objectivés à deux principales questions : peut-on considérer que le souci de responsabilité sociale est aussi un souci de compétitivité, donc de performance économique ? Si tel est le cas, comment inciter les entreprises à inclure des démarches RSE dans leur stratégie de développement ? »
Autrement dit, la RSE peut-elle être appréhendée non comme une contrainte supplémentaire mais comme un apport économique tangible pour les entreprises ? Et dans ce cas, comment inciter les entreprises à inclure des démarches de RSE dans leur stratégie de développement ? Les auteurs notent que quelles que soient la mesure de la performance économique _ profit par tête, excédent brut d’exploitation ou valeur ajoutée par tête _ et la dimension de la RSE_ environnement et éthique, ressources humaines, relation client, relation fournisseur)_ , « on observe un écart de performance économique d’environ 13 % en moyenne entre les entreprises qui mettent en place des pratiques RSE et celles qui ne le font pas ». Et, détaille l’étude, ces écarts de performance moyenne varient selon les dimensions observées : ils s’échelonnent de 5 % pour la relation client à 20 % pour la dimension Ressources humaines.
Sur les 250.000 entreprises passées au crible par la Banque de France, toutes ne seront pas en mesure de fournir des informations RSE ou concernées par la délivrance de telles informations. Mais les critères, pour lesquels les outils de collecte ont été révisés, seront intégrées pour les entreprises pour lesquelles la RSE a vraiment du sens, précise Claude Piot. La Banque centrale mise sur 50.000 sociétés directement concernées.
Quoi qu’il en soit, la démarche de la Banque de France ne sera pas superflue : selon France Stratégie, qui, il faut le préciser, s’est s’appuyé sur une enquête EDD (Education au développement durable) datant de 2011 - et l’on peut tout de même imaginer que la notion a gagné en notoriété depuis -, plus de la moitié des entreprises françaises d’au moins 10 et de moins de 49 salariés déclarent ne pas connaître la notion de RSE.