JUSTICE - Le PS sera libre de décider s'il organise une primaire ou non. La justice a débouté mercredi 15 juin trois adhérents socialistes qui demandaient devant un tribunal la stricte application des statuts du PS.
La décision a été saluée par le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, à trois jours d'un conseil national qui doit évoquer la question.
Le Conseil national du PS doit se réunir samedi, avec notamment à son ordre du jour la question de la primaire. Alors que le chef de file des frondeurs Christian Paul et celle de la motion B (La Fabrique) Karine Berger, réclament un engagement clair du PS dans un processus "irréversible", avec la fixation dès à présent du calendrier de la primaire et des modalités pour être candidats, des responsables du parti craignent que cela ne ferme définitivement la porte à une primaire de toute la gauche.
Cette histoire de calendrier était au coeur de la plainte des adhérents. Selon l'article 5.3.1 de ces statuts -qui édictent très clairement que le candidat socialiste à la présidentielle est désigné à l'issue d'une primaire (sans mentionner la question du président sortant)-, le calendrier et les modalités ceci aurait dû être fait "au moins un an avant l'élection présidentielle".
Dans son jugement, la 1ère chambre civile du tribunal de grande instance de Paris souligne que la rédaction des articles des statuts du parti à cet égard "apparaît contradictoire, ou à tout le moins ambiguë". Et "au regard de ces équivoques, aucune obligation de résultat ne saurait dès lors être attachée à ces dispositions statutaires".
Un changement de statut à venir?
"Cela revient à dire que les dirigeants de parti peuvent faire ce qu'ils veulent. En clair, cette décision veut dire que politiquement le principe des primaires est enterré", a réagi un requérant auprès du HuffPost. Ils réfléchissent à l'opportunité de faire appel mais se désolent surtout de la signification politique de la décision. "Puisque les partis sont au-dessus des lois et des tribunaux, si tout ce qui y est inscrit et ce à quoi les membres adhèrent n'a aucune valeur, qui va encore accepter d'aller s'y inscrire?", se demande-t-il.
Quelques instants avant la décision de justice, Jean-Christophe Cambadélis avait apporté un nouvel élément dans le débat. Le patron du PS n'a pas exclu de convoquer un congrès extraordinaire pour modifier les statuts du PS et dispenser François Hollande de participer à une primaire.
"Il y a plusieurs possibilités. Mon +first best+, c'est la primaire de toute la gauche (...) Après il peut y avoir plusieurs autres possibilités, un congrès extraordinaire qui permette de le faire (changer les statuts, NDLR), il peut y avoir une primaire du Parti socialiste, il peut y avoir aussi une désignation, une confirmation" du président de la République, a expliqué le député de Paris, invité de l'émission Questions d'info sur LCP avec l'AFP, Le Monde et France Info. "Changer les statuts du PS à l'improviste prouve qu'Hollande a peur de la primaire", a répliqué sur LCP le frondeur Christian Paul.