Un Allemand sur deux dit se sentir « étranger » dans son pays à cause de la présence des musulmans

L’Allemagne connaît une poussée des idées populistes, sur fond d’afflux de migrants. En témoigne une étude menée par l’université de Leipzig et dévoilée ce mercredi, indiquant qu’un Allemand sur deux dit se sentir « parfois comme un étranger » dans son pays en raison de la présence de « nombreux musulmans ». En 2014, ils étaient 43 % à l’affirmer.

L’enquête montre en outre que 41,4% des personnes interrogées estiment que « les musulmans devraient se voir interdits » de venir en Allemagne, contre 36,6% en 2014. Un Allemand sur trois (33,8%) estime même que son pays, qui a accueilli en 2015 plus d’un million de réfugiés , un record, est « envahi (...) de façon dangereuse ». Dans leur majorité (59,9%), les personnes interrogées jugent que les réfugiés ne sont pas vraiment persécutés dans leur pays d’origine, et pour 32,1%, ils sont venus pour profiter des prestations sociales.

Les idées portées par le parti AfD

« De larges pans de la population sont toujours prêts à déprécier et persécuter ce qu’ils perçoivent comme déviant et étranger », écrivent deux des auteurs, Oliver Decker et Elmar Brähler, dont l’étude, menée auprès de 2.420 personnes, reflète la montée en puissance des idées populistes.

Elles sont portées notamment par le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), critiqué pour sa dérive droitière et ses saillies anti-islam, qui bouscule le paysage politique allemand . Il a enregistré un spectaculaire succès lors d’élections régionales en mars et au vu des sondages devrait faire son entrée à la chambre nationale des députés l’an prochain, ce qui serait une première pour un parti de ce type depuis 1945.

« L’extrême droite a trouvé dans l’AfD un nouveau foyer », a commenté dans l’édition électronique du magazine Spiegel Oliver Decker. « On pense que les nazis et les radicaux d’extrême droite sont dans les marges de la société. Mais ça n’est pas pertinent, l’idéologie des opinions populistes est très répandue », prévient-il. Troisième force politique du pays selon les sondages (derrière les conservateurs CDU/CSU d’Angela Merkel et le SPD) l’Alternative pour l’Allemagne surfe sur la crise migratoire.

Selon le principal sondage politique du pays publié début juin, le parti dirigé par Frauke Petry est crédité de 15% des intentions de vote aux législatives de 2017.