Terrorisme : les élus sont désormais visés

Députés et maires savent qu'ils peuvent être la cible des djihadistes. Si certains ont pris des mesures de sécurité, tous refusent de céder à la peur.

François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles est conscient d’être « une cible » : « C’est vrai que, globalement, je fais plus attention en rentrant chez moi le soir. »
Daniel Fasquelle, député et maire (LR) du Touquet (Pas-de-Calais), envisage de renforcer le dispositif de sécurité autour de sa permanence.
 
François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles est conscient d’être « une cible » : « C’est vrai que, globalement, je fais plus attention en rentrant chez moi le soir. »
Daniel Fasquelle, député et maire (LR) du Touquet (Pas-de-Calais), envisage de renforcer le dispositif de sécurité autour de sa permanence.   (MaxPPP/IP3Press/Vincent Isore.) (MaxPPP/IP3Press/Vincent Isore.)

    Devant l'assemblée nationale, des drapeaux bleu-blanc-rouge flottent au vent, des forces de l'ordre patrouillent. Deux jours après l'assassinat d'un couple de policiers à Magnanville (Yvelines), la vie suit son cours au Parlement. Pourtant, une menace inédite a surgi dans le quotidien des élus. Pour la première fois, un djihadiste a appelé à les tuer. Lundi soir, dans une vidéo réalisée sur son téléphone après le meurtre des deux policiers, Larossi Abballa a enregistré un message glaçant incitant à « combattre les têtes de la mécréance ». Outre les cibles habituelles de la propagande djihadiste, le terroriste cite aussi les députés (577 en France) et les maires (il y a plus de 35 000 communes dans le pays).

    Salle des Quatre-Colonnes, à l'Assemblée, les réactions oscillent de la franche inquiétude à une forme de fatalisme. Très peu d'élus font l'objet d'une protection policière personnelle. « Nous sommes dans un moment où il faut faire particulièrement attention partout. Mais la première des mesures, c'est de ne pas avoir peur », juge Bruno Le Roux, patron des députés PS, qui ne donnera pas de recommandations particulières aux membres de son groupe.

    Un avis partagé — une fois n'est pas coutume — par le frondeur Laurent Baumel : « On ne peut pas vivre dans la panique permanente. » Le socialiste Olivier Dussopt, député et président de l'Association des petites villes de France (APVF), refuse, lui aussi, de céder à la panique. « Ce serait leur donner une victoire », soupire-t-il.

    « Précautions, mais pas obsession. C'est mon credo », reprend Bruno Beschizza, maire (les Républicains) d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et ancien officier de police qui avait déjà revu le dispositif de sécurité dans sa ville après la tuerie à « Charlie Hebdo », en janvier 2015. François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles, a, de son côté, pris des mesures spécifiques. « On va aussi faire un référendum pour armer la police municipale », annonce-t-il, conscient d'être « une cible ». « C'est vrai que, globalement, je fais plus attention en rentrant chez moi le soir. Je regarde davantage dans mon rétroviseur », confie-t-il.

    Daniel Fasquelle, député et maire (LR) du Touquet (Pas-de-Calais), envisage de renforcer le dispositif de sécurité autour de sa permanence. « On est livrés à nous-mêmes, totalement démunis, confie-t-il. Je demande au ministère de l'Intérieur de nous donner des recommandations. » Place Beauvau, l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) s'est déjà saisie de cette nouvelle menace.

    VIDEO. Hommage aux policiers tués à Magnanville : «Une douleur indescriptible»