Boris Cyrulnik, psychiatre : « La contagion des émotions est très rapide »

FAIT DU JOUR. Boris Cyrulnik, 78 ans, psychiatre, spécialiste de la notion de résilience, « renaître de sa souffrance ».

Boris Cyrulnik, psychiatre.
Boris Cyrulnik, psychiatre. (LP/Olivier Arandel.)

    Boris Cyrulnik a notamment signé « Ivres Paradis, bonheurs héroïques » chez Odile Jacob.

    Qu'engendre une attaque sauvage comme celle de Magnanville dans les esprits ?
    BORIS CYRULNIK. Il y a deux mauvaises solutions. Ne pas en parler ou trop en parler. Le déni ne permet pas d'affronter le problème du terrorisme. Mais si on ne parle que de ça, on fabrique un syndrome psychotraumatique. On rend alors les gens prisonniers de la mémoire.

    C'est difficile pour les Français, qui doivent réussir à en parler de manière constructive, sans se taire, ni ressasser, ni chercher à se venger contre les musulmans.

    Quel est l'impact d'Internet ?
    La contagion des émotions est désormais très rapide. Il a fallu dix ans, en 1929, pour que le nazisme se propage, il faut aujourd'hui quelques semaines pour déclencher une épidémie de croyances. Il suffit d'un mois pour que des jeunes adhèrent à la secte djihadiste. Ils se radicalisent sur Internet.

    Avec quelles conséquences ?
    Sur le réseau social, on ne se rencontre qu'entre gens qui pensent la même chose et on finit par créer un réseau virtuel clos, coupé des autres, sans altérité. Ces islamistes fonctionnent selon une morale perverse. En dehors de leur clan, ils ignorent tout de l'autre et de ses souffrances.

    Pourquoi les terroristes se mettent en scène et se filment ?
    La fonction du terrorisme c'est d'être public. Les terroristes veulent être en pleine lumière et commettent des atrocités pour passer à la télé. De façon à terrifier la population, la sidérer pour imposer leurs lois.