Du pain bénit ! La note de conjoncture, publié ce 16 juin par l’Insee, va apporter un peu d’air à François Hollande, au plus bas dans les sondages (derrière Jean-Luc Mélenchon, selon les dernières enquêtes) et qui fait face à de vives critiques sur le « manque d’autorité de l’Etat », face aux débordements dans les manifestations. Il va pouvoir entonner, à nouveau, son refrain du « ça va mieux », avec quelques arguments supplémentaires. Car l’amélioration de l’économie française est spectaculaire, selon l’institut de la statistique, au-dessus des espérances de nos gouvernants, qui ont plusieurs fois annoncé trop tôt la reprise.
En 2016, l’économie française devrait atteindre une croissance de 1,6%, légèrement supérieure à la prévision gouvernementale. Une progression du PIB encore faible mais qui constitue la meilleure performance depuis 2011. Surtout, avec cette modeste hausse, la France a réussi à remettre en marche sa job machine: en 2016, les entreprises devraient créer 139.000 emplois, s’ajoutant aux 109.000 de l’année dernière. En intégrant les emplois aidés et les non-salariés, l’économie française va accroître ses effectifs de 210.000, de loin le meilleur chiffre du quinquennat.
Résultat, la fameuse courbe du chômage, que le chef de l’Etat promet d’inverser depuis 2013, va dans le bon sens: le taux de chômage, qui calcule la proportion de chômeurs par rapport à la population active, devrait diminuer de 0,4 point d’ici à la fin de l’année, pour revenir en dessous de la barre des 10% (à 9,8 % et 9,5 % en métropole). Soit le même chiffre qu’en mai 2012. Toutefois, cette embellie ne fera pas oublier l’échec global de François Hollande sur le front du chômage: malgré la baisse de ces derniers mois, le nombre de chômeurs s’est envolé de 588.000 depuis son accession à l’Elysée.
Les patrons se remettent à investir
Autre amélioration spectaculaire, que François Hollande voudra mettre à son crédit: la santé des entreprises. Leur taux de marge va encore augmenter en 2016 (à 32,4%), revenant à son niveau d’avant la grande crise de 2009. Surtout, les patrons se remettent (enfin) à investir avec une hausse de leurs dépenses de 4,7% cette année. Du jamais vu depuis 2007! S’ajoute à cela une consommation très dynamique (+ 1,6 % prévu en 2016) grâce à une hausse historique du pouvoir d’achat (+1,7 %) alimenté par la très faible inflation. « Cela va nettement mieux, nous confiait Michel Sapin, le ministre des Finances, le 13 juin. Mais cette amélioration arrive avec un an de retard ».
Voilà le problème pour Hollande: cette sortie du tunnel est tellement tardive qu’elle va être difficile à « vendre » à l’opinion publique. D’autant que, pour une part, l’exécutif n’y est pour rien. La France est portée par le rebond de toute la zone euro et elle bénéficie de facteurs extérieurs, comme la baisse du prix du pétrole et de l’euro. N’empêche. L’Insee apporte de l’eau au moulin du chef de l’Etat en soulignant les mesures Hollande qui ont « enrichi la croissance en emplois » : le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE), les allègements des charges du Pacte de Responsabilité et la récente prime à l’embauche pour les PME. Si la France crée autant de jobs avec une aussi faible croissance, c’est, en partie, grâce à la politique pro-business de baisse du coût du travail, que le président a dû imposer à sa majorité. « Le CICE a permis de créer ou sauvegarder 120.000 emplois » souligne Eric Heyer, économiste à l’OFCE. Avec un coût de 20 milliards par an, l’efficacité de cette politique est discutable. Mais elle a, sans conteste, beaucoup contribué au « ça va mieux » claironné par le chef de l’Etat.
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