Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

A Mayotte, « on va travailler avec la peur de se faire assassiner »

La situation s’est encore dégradée dans l’archipel, malgré les renforts de police destinés à endiguer la délinquance et l’immigration clandestine.

Par 

Publié le 17 juin 2016 à 09h26, modifié le 17 juin 2016 à 11h12

Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Des étrangers regroupés dans un camp de fortune, place de la République à Mamoudzou, le 31 mai, après avoir été chassés de chez eux.

A Mayotte, chaque jour ou presque charrie son lot de violences qui viennent rappeler le climat d’insécurité régnant sur l’archipel. Jeudi 16 juin encore, vers 5 heures, des « coupeurs de route » – ces petits groupes de jeunes armés qui érigent des barrages de fortune sur les axes routiers et rackettent les automobilistes – ont bloqué plusieurs véhicules, dont deux ont été incendiés, et agressé leurs passagers aux abords de Dembeni, à une dizaine de kilomètres au sud de Mamoudzou, le chef-lieu du département.

« On va travailler la boule au ventre, avec la peur de se faire assassiner, confie une habitante, jointe par Le Monde, qui souhaite garder l’anonymat. On ne peut plus vivre, on a l’impression d’être des lapins. Quelques centaines de personnes sèment la terreur. » La tension ces dernières semaines n’a fait que croître, malgré les renforts de police et de gendarmerie – 102 policiers et 42 gendarmes supplémentaires – affectés sur l’île. « Cette fois, ce n’est pas seulement de la délinquance, c’est la guerre, s’exclame le maire de Dembeni, Ambdi Hamada Jouwaou. J’ai peur que ça finisse mal et que certains mettent le feu. Il faut que l’Etat agisse, vite. »

Début juin, la ministre des outre-mer, George Pau-Langevin, et le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avaient présenté un « plan sécurité à Mayotte » destiné à endiguer la délinquance et l’immigration clandestine. L’afflux de Comoriens – dans cet archipel distant d’à peine 70 kilomètres pour l’île d’Anjouan, la plus proche des côtes mahoraises – engendre une situation explosive. Des dizaines de milliers de personnes, sans travail ni revenu, vivent dans des conditions indignes. Les gamins déscolarisés errent dans les rues, font les poubelles pour se nourrir. La délinquance et la criminalité prennent des proportions effarantes, surtout quand de mauvaises drogues de synthèse – la « chimique » – font des ravages.

Une partie de la population accuse cette immigration clandestine de tous les maux. Depuis plusieurs semaines, des « comités de villageois » ont mené des opérations d’expulsion de leurs logements des Comoriens, en situation irrégulière ou non. Des centaines de familles ont ainsi été « décasées ». Près de 300 personnes chassées de chez elles, dont les deux tiers d’enfants, sont toujours regroupées dans un camp de fortune sur la place de la République, à Mamoudzou. « Des personnes en situation régulière ou en cours de régularisation », affirme la Ligue de droits de l’homme qui, avec plusieurs autres associations, tente de subvenir à leurs besoins.

Il vous reste 51.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.