Tunisie: 65.000 "violations de droits"

La majorité des dossiers reçus concerne des violations individuelles par l'Etat

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La majorité des dossiers reçus concerne des violations individuelles par l'Etat

Quelque 65.000 plaintes ont été déposées auprès de l'Instance Vérité Dignité qui réhabiliter les victimes d'atteintes aux droits de l'Homme en Tunisie.

Les plaintes portent sur des faits sous les présidences de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali. Le dépôt des dossiers auprès de l'instance, créée après la révolution de 2011, avait débuté en décembre 2014 et devait s'achever au bout d'un an. Mais l'IVD avait prolongé ce délai jusqu'au 15 juin, à la demande de la société civile.

"La majorité des dossiers reçus concerne des violations individuelles par l'Etat", a déclaré lors d'une conférence de presse la présidente de l'IVD, Sihem Bensedrine. Il s'agit, "en premier lieu, de privation de moyens de subsistance", à l'image de militants islamistes écartés des postes de la fonction publique et d'aides de l'Etat. Puis viennent "l'atteinte à l'intégrité physique" et "la détention arbitraire", a-t-elle signalé. "La violation de la liberté d'expression, elle, revient en permanence" dans les plaintes, a affirmé Mme Bensedrine.

Concernant le profil des plaignants, ils appartiennent à "l'ensemble du spectre politique", des militants de gauche, aux islamistes et syndicalistes, a-t-elle noté, ajoutant que 13.300 plaintes ont été déposées par des femmes. Des cas présumés de "discrimination contre des minorités religieuses, culturelles ou ethniques" figurent aussi dans les plaintes reçues, notamment de la communauté juive tunisienne ou des amazighs (berbères), a indiqué Mme Bensedrine.

Des régions défavorisées du centre du pays s'estimant délaissées par l'Etat durant des décennies ont également saisi l'Instance.

Créée en 2013, l'Instance Vérité Dignité a pour mission, en cinq ans maximum, de dévoiler la vérité sur les violations des droits de l'Homme commises entre juillet 1955 et décembre 2013.l'IVD dispose de très larges pouvoirs, notamment un accès total aux archives publiques, elle doit identifier les responsables des violations et faire en sorte qu'ils rendent des comptes.