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Etat islamique

Désastre humanitaire à Fallouja

L’exode massif et continu de milliers de civils irakiens fuyant les combats pour déloger l’Etat islamique à Fallouja submerge les organisations d’aide aux déplacés.
par Hala Kodmani
publié le 20 juin 2016 à 13h21

Au moins 30 000 personnes ces trois derniers jours ont rejoint les dizaines de milliers de réfugiés dans les camps installés aux lisières de la ville. 84 000 civils sont déjà partis de Fallouja depuis le début de l’offensive lancée le 23 mai par les forces gouvernementales irakiennes sur la place forte de l’Etat islamique, avec l’appui de l’aviation de la coalition internationale. L’afflux va sans doute continuer alors que des milliers d’autres sont toujours bloqués à l’intérieur de la ville, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) qui gère les camps de déplacés.

Ils ont enduré des mois de siège, ont fui leur ville sous les bombardements ou les balles de snipers, échappant aux mines ou aux voitures piégées sur la route. Sortis de l’enfer de leur ville, les habitants de Fallouja ne trouvent qu’une relative délivrance au bout du chemin. Par plus de 40 °C, ils s’installent en plein air sous le soleil puisqu’il n’y a pas de tentes pour les abriter. L’eau et la nourriture manquent et les conditions sanitaires deviennent de plus en plus précaires, selon l’organisation norvégienne. L’un des camps qu’elle gère, Amriyat al-Fallouja, qui abrite quelque 1 800 personnes, ne dispose ainsi que d’un seul endroit pour les latrines des femmes, s’est alarmée l’ONG.

65,3 millions de réfugiés sans compter les déplacés

«Nous implorons le gouvernement irakien de prendre en charge cette catastrophe humanitaire qui se déroule sous nos yeux», a déclaré le directeur du NRC pour l'Irak, Nasr Muflahi. «Il doit jouer un rôle de premier plan dans la fourniture en besoins des civils les plus vulnérables qui ont enduré des mois de traumatisme et de terreur.» Le Premier ministre Haïder al-Abadi a promis de fournir un soutien aux déplacés, confrontés à des températures suffocantes dans la vaste province d'Al-Anbar, où se situe Fallouja. Son gouvernement est déjà submergé pour répondre aux besoins de 3,4 millions d'Irakiens déplacés à travers le pays depuis le début du conflit.

Le nombre de réfugiés irakiens et syriens participe grandement aux 5 millions de nouveaux déplacés par les guerres pour la seule année 2015. L’agence de l’ONU pour les réfugiés a annoncé lundi un chiffre record de réfugiés à travers le monde. Estimé aujourd’hui à 65,3 millions jusqu’à la fin de 2015, ce chiffre n’inclut pas les dernières dizaines de milliers de civils de Fallouja. Les batailles engagées et à venir contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie risquent encore d’aggraver la catastrophe humanitaire dans la région.

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