En 2015, 24 personnes par minute ont dû fuir leur foyer (Infographies)

Réfugiés? Personnes déplacées? Demandeurs d'asile?

Parmi les 65,3 millions de personnes déracinées en 2015, 21,3 millions étaient des réfugiés, 40,8 millions des déplacés internes, et 3,2 millions des demandeurs d'asile. Des mots qui recouvrent des situations différentes. Tous ont fui les persécutions, mais on appelle "déplacés internes" ceux qui trouvent refuge à l'intérieur de leur propre pays, et "réfugiés" ceux qui franchissent les frontières et cherchent protection à l'étranger. Les premiers sont de loin les plus nombreux, selon le HCR. Les demandeurs d'asile, quant à eux, sont des candidats réfugiés: ils attendent de savoir si le pays auquel ils ont demandé une protection leur reconnaîtra le statut de réfugié, en vertu de la Convention de Genève de 1951.

La Syrie, premier pays d'origine des réfugiés en 2015

Selon le HCR, plus de la moitié (54%) des réfugiés dans le monde étaient originaires de trois pays: la Syrie (4,9 millions), l'Afghanistan (2,7 millions) et la Somalie (1,1 millions). Figurent également parmi le top 10 des pays d'origine, le Soudan du Sud, le Soudan, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, la Birmanie, l'Érythrée et la Colombie. Un autre pays d'où venaient de nombreux réfugiés en 2015 était l'Ukraine, avec 321 300 Ukrainiens ayant cherché protection à l'étranger.

Si l'Afrique et le Moyen-Orient sont les principales régions d'origine des réfugiés, ces chiffres démontrent que l'Asie du Sud-est, l'Amérique du Sud et l'Europe ne sont pas épargnées. Le HCR signale d'ailleurs une crise des réfugiés dont on a peu parlé: l'augmentation de la violence au Salvador, au Guatemala et au Honduras a poussé des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants à fuir leurs pays, principalement vers le Mexique et les États-Unis.

86 % des réfugiés accueillis dans des régions en développement

Pour la deuxième année consécutive, la Turquie était en 2015 le premier pays d'accueil de réfugiés, avec 2,5 millions de réfugiés sur son territoire. Elle est suivie du Pakistan, du Liban (où la proportion de réfugiés est de 183 pour 1000 habitants), de l'Iran, de l'Éthiopie, de la Jordanie, du Kenya, de l'Ouganda, de la République démocratique du Congo et du Tchad. Force est de constater qu'il s'agit, pour la plupart, des pays limitrophes des principaux pays d'origine des réfugiés... Et pas des pays les plus riches: au total, selon le HCR, 86 % des réfugiés en 2015 se trouvaient dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. Toujours selon l'Agence, l'Union européenne accueillait, fin 2015, 1,3 millions de réfugiés, soit 8 % seulement des réfugiés dans le monde. De quoi mettre à mal certaines idées reçues.

"Les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient également"

Le continent européen a vu arriver sur ses côtes, en 2015, un peu plus d'1 million de personnes, dont 84 % venaient des 10 principaux pays d'origine cités plus haut. Au moins 3771 autres sont mortes ou ont disparu en Méditerranée la même année. Ce qui fait dire à Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, que ce ne sont pas seulement les causes de l'exil, mais également les obstacles rencontrés sur la route de l'exil, qui sont en hausse : "Davantage de personnes sont déracinées par la guerre et la persécution, c’est déjà inquiétant en soi mais, surtout, les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient également. Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année ; à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées."