“Sous un soleil de plomb, un grand nombre d’Okinawais en tenue de deuil ont brandi des pancartes sur lesquelles figuraient ces mots : ‘Notre colère a atteint ses limites’”, relate l’Okinawa Times. Une fois de plus, les Okinawais ont protesté contre les crimes perpétrés par les soldats américains stationnés sur leur île, qui abrite deux tiers des installations militaires américaines du Japon.

Dimanche 19 juin, 65 000 personnes se sont rassemblées à Naha, capitale d’Okinawa. “Jamais autant de personnes ne s’étaient rassemblées depuis 1995, lorsqu’une Okinawaise de 12 ans avait été violée par trois soldats américains”, indique l’Asahi Shimbun. A Tokyo, 10 000 personnes ont également manifesté devant la résidence officielle du Premier ministre, en signe de solidarité.

Après l’appel lancé par le gouverneur d’Okinawa, Takeshi Onaga, les Okinawais ont massivement rendu hommage à la victime de 22 ans, violée et tuée par un ex-soldat américain en avril. Le rassemblement a adopté une résolution qui va être envoyée à l’administration de Shinzo Abe ainsi qu’à la Maison-Blanche. “Le texte réclame trois choses : le départ pur et simple des marines stationnés dans l’île, la révision de l’accord passé entre Washington et Tokyo qui ne donne pas la possibilité aux tribunaux japonais de juger les auteurs des crimes [si ces derniers sont perpétrés à l’intérieur des bases], et la fermeture de la base aérienne de Futenma [située en centre-ville, celle-ci est un casse-tête pour Tokyo et Washington depuis 1990]”, écrit le Ryukyu Shimpo.

Okinawa sacrifiée

Les quotidiens régionaux d’Okinawa, Ryukyu Shimpo et Okinawa Times, dénoncent tous deux le fait que “ces crimes dont sont victimes les Okinawais ne [soient que] trop peu relayés par les médias de la métropole”. “Okinawa est discriminée et sacrifiée par la métropole au nom de la sécurité nationale. Tant qu’il y aura des bases, ces atrocités ne cesseront pas”, fustige l’Okinawa Times.

L’affaire du meurtre de la jeune femme est intervenue alors qu’un bras de fer est engagé entre Tokyo et Okinawa : les Okinawais contestent le projet gouvernemental de transférer la base de Futenma à Henoko, un site situé au nord de l’île et protégé pour son environnement. Mais Tokyo entend leur forcer la main en poursuivant les travaux de construction sans prendre en compte les injonctions de l’autorité locale.

Selon la police d’Okinawa, les délits commis par les soldats américains à Okinawa s’élèvent au nombre de 5 896 depuis 1972.