Turquie : le représentant de RSF inculpé pour "propagande terroriste"

Deux intellectuels turcs de renom ont également été placés en détention provisoire. Ils sont tous les trois accusés de soutenir la cause kurde.

Source AFP

Le représentant de RSF en Turquie a été inculpé pour
Le représentant de RSF en Turquie a été inculpé pour "propagande terroriste". © AFP

Temps de lecture : 3 min

L'étau sur la presse en Turquie s'est encore resserré lundi avec l'inculpation pour « propagande terroriste » du représentant de Reporters sans frontières (RSF) dans le pays ainsi que de deux intellectuels turcs de renom accusés de soutenir la cause kurde, placés en détention provisoire. La justice reproche à Erol Önderoglu, qui représente RSF depuis 1996 en Turquie, ainsi qu'à Ahmet Nesin et Sebnem Korur Fincanci, d'avoir participé à une campagne de solidarité avec la presse pro-kurde en mai dernier.

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Ils sont poursuivis pour trois articles qui traitaient de luttes d'influence entre diverses forces de sécurité turques et des opérations en cours contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le Sud-Est anatolien. Une centaine de personnes venues les soutenir au palais de justice d'Istanbul ont scandé « Nous ne céderons pas aux pressions » à l'énoncé du jugement, selon les images diffusées sur les réseaux sociaux.

RSF dénonce le jugement

Les trois suspects ont par la suite été menottés et conduits à une maison d'arrêt de la mégapole turque par la police. « Le procureur qui nous a entendus a réclamé que nous soyons inculpés et écroués pour propagande terroriste », en faveur du PKK, mouvement armé considéré comme terroriste par bon nombre de pays, a expliqué Erol Önderoglu au téléphone à l'Agence France-Presse juste avant son inculpation.

Ces trois personnes ont été inculpées au nom de la législation antiterroriste turque, pomme de discorde avec l'Union européenne qui souhaiterait voir son champ d'application fortement restreint. Ces trois militants de la cause kurde et des libertés en général avaient pris en mai dernier symboliquement à tour de rôle la direction du journal pro-kurde Özgür Gündem, dans le collimateur de la justice et des autorités turques depuis des années. Une procédure judiciaire avait ensuite été lancée à leur encontre.

Ahmet Nesin est un écrivain et intellectuel connu tandis que Sebnem Korur Fincanci, professeur de médecine légale, préside la Fondation des droits de l'homme (TIHV). RSF a vivement dénoncé sur Twitter le jugement des magistrats turcs : « la liberté de la presse est tombée à un niveau incroyablement bas », a dit l'organisation de défense des droits de la presse basée à Paris.


Démarche « profondément honteuse »

Avant leur inculpation, RSF avait déjà condamné dans un communiqué une démarche judiciaire « aberrante et profondément honteuse » vis-à-vis de son représentant. « L'organisation réaffirme son soutien inconditionnel à son représentant et appelle à abandonner toutes les poursuites dans cette affaire », souligne le texte. La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF. Le régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, est accusé de museler la presse indépendante en Turquie et d'avoir ces derniers mois multiplié les coups de boutoir contre les médias.

Can Dündar, rédacteur en chef du journal d'opposition Cumhuriyet, condamné en mai à cinq ans et dix mois de prison pour « divulgation de secrets d'État » pour avoir révélé que le régime turc livrait des armes aux groupes djihadistes en Syrie, a aussi réagi sur Twitter. « Il n'est pas question de céder. Nous devons à présent reprendre le flambeau et soutenir Özgür Gündem », a écrit le journaliste, qui reste en liberté jusqu'à ce que la cour d'appel tranche sur son cas.

Le sud-est de la Turquie vit au rythme des combats quotidiens entre forces de sécurité turques et rebelles depuis la reprise l'été dernier des hostilités qui a sonné le glas de deux ans de pourparlers de paix entre Ankara et le PKK en vue de mettre un terme à une rébellion qui a fait 40 000 morts depuis 1984. Dimanche soir, M. Erdogan a affirmé devant la presse que plus de 7 000 rebelles du PKK avaient été « neutralisés » lors des combats qui ont fait plus de 600 morts parmi les forces de sécurité turques.

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Commentaires (3)

  • Russalka

    C'est par l'autorite que l'on tient une grande nation. Regardez chez nous, Hollande part en eau de boudin et l'état avec lui. Il n ? Y a que l'equipe de modération de ce périodique qui ait compris que l'humain ne fonctionne qu'a la carotte et au bâton...

  • 5rueLeclerc

    Heureusement que la droite va revenir au pouvoir en France en 2017 pour stopper le laisser-faire de Hollande dans les relations UE-Turquie

  • jackknight

    Le grand ami des démocrates mémèrkel et pépèreux !