Partager
Santé

Pollution : l'impact sur la santé, région par région

Une étude confirme l'impact de la pollution aux particules fines sur la santé humaine. Mais cette fois, les données sont disponibles à l'échelle des communes, y compris dans les zones rurales.

2 réactions

N'en déplaise aux citadins qui s'excentrent, il ne suffit pas d'habiter à la campagne pour être à l'abri de la pollution. En effet, d'après les résultats de l'étude de l'Agence Santé publique France présentée lundi 20 juin 2016 à la presse, la mortalité liée à la pollution aux particules fines est toujours aussi importante et cela n'affecte pas que les grandes villes. Zoom sur les différents enseignements de ce nouveau rapport.

Distribution des niveaux de pollution aux PM2,5 en France

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait en 2014 que des millions de décès étaient provoqués par la pollution de l'air extérieur chaque année dans le monde. Des résultats alarmants confirmés par la revue Nature en septembre 2015. A l'échelle nationale, les chiffres présentés par Santé publique France vont dans le même sens. La pollution par les particules fines PM2,5 (à savoir celles dont le diamètre est inférieur à 2,5 µm et qui peuvent rentrer dans les alvéoles pulmonaires) serait ainsi responsable de 48.000 décès par an, ce qui correspond à une perte d'espérance de vie à 30 ans allant jusqu'à 2 ans. "Il existe une relation linéaire et sans seuil entre les concentrations de PM2,5 et la mortalité globale", analyse Sylvia Medina, épidémiologiste et co-auteure de l'étude. Pour obtenir des données régionales, les épidémiologistes ont dressé une carte de France permettant de visualiser les concentrations moyennes annuelles de PM2,5 estimées dans 36.219 communes en France (pour les années 2007-2008) à partir de la modélisation des données de surveillance de la qualité de l'air des associations agréées (modèle Gazel Air).

Concentrations annuelles moyennes de PM2,5 en France, par commune. © Santé publique France.

"Notre modèle estime les concentrations sur une grille de 2 km. Bien qu'il soit moins précis localement que certains modèles régionaux, il prend en compte les émissions ponctuelles et diffuses de PM2,5 et nous fournit ainsi des données sur l'ensemble du territoire, y compris là où il n'y a pas de mesure", explique Mathilde Pascal, épidémiologiste et co-auteure de cette étude. Et c'est une première. Résultat, on se rend compte qu'à l'instar des communes appartenant à des unités urbaines de taille importante (région parisienne, axe Lyon-Marseille...), les zones rurales ne sont pas nécessairement épargnées par les particules fines. En effet, la zone de l'Etang de Berre ou l'Est de la France sont sous influence industrielle et révèlent des concentrations en polluants atmosphériques importantes.

Agir sur la pollution atmosphérique est possible" - François Bourdillon

Les épidémiologistes ont évalué l'impact sanitaire qu'aurait une réduction des concentrations de PM2,5. Quatre scénarios ont été envisagés. Dans le premier, le plus idéaliste, où les niveaux de particules fines seraient les mêmes que dans les 5 % de communes les moins polluées (situées dans des régions montagneuses où la pollution anthropique est quasiment nulle), plus de 48.000 décès seraient évitables chaque année. Les personnes âgées de 30 ans gagneraient en moyenne 9 mois d'espérance de vie (voire un an dans les communes les plus polluées ou même deux ans dans l'agglomération parisienne).

Gain moyen en espérance de vie à 30 ans dans le scénario "sans pollution atmosphérique" (source : InVS) © Santé publique France

Les trois autres scénarios fixent des objectifs plus "réalistes", à savoir l'atteinte d'une concentration seuil de PM2,5 : soit 10 µg/m3 comme le recommande l'OMS, soit 15 µg/m3 proposé lors du Grenelle de l'environnement, ou encore 20 µg/m3, valeur cible de la réglementation européenne. Les gains attendus en terme de santé sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Gains attendus des différents scénarios de réduction des niveaux de PM2,5 © Santé Publique France

Pour François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, la baisse des niveaux de pollution de l'air constitue l'un des leviers d'action majeurs pour la prévention des maladies respiratoires, cardiovasculaires et des cancers en France. "Agir sur la pollution atmosphérique est possible", insiste-t-il. Ajoutant que de nombreuses communes se sont déjà engagées dans cette voie.

2 réactions 2 réactions
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications